Antibes historique

Quelques artistes

En dehors des artistes ayant fréquenté notre ville et mondialement connus comme Picasso, Nicolas de Staël, Hans Hartung ou autres , il y a des artistes dont la renommée est restée plus modestes mais qui ont laissé leur empreinte dans la ville. Voila pourquoi je souhaite mettre ici en avant ces artistes dont nous côtoyons les œuvres tous les jours sans savoir de qui elles sont ni qui ils sont. Vous trouverez ici les auteurs du buste du roi Albert 1er, du Poilu du Fort-Carré, du monument à Sidney Bechet et du mémorial des rapatriés, de la fresque des marins dans la chapelle de la Garoupe, de la grande horloge de la place des cars, de la baigneuse de Juan-les-Pins, du buste de Championnet devant le marché provençal et bien d'autres encore.

AURILI Riccardo (1864-1943)

Descendant d’une illustre famille turinoise, Riccardo Marco Alessandro Aurili est né le 17 décembre 1864 à Bibbona, petite ville médiévale située au sud de Pise en Toscane. Il commence une formation de sculpteur à l’académie des Beaux-Arts de Florence, puis quitte l’Italie pour Paris en 1880 afin d’y poursuivre sa formation. Il est l’élève d’Auguste Dumont et du peintre et sculpteur Jean-Léon Gérôme.
Vers 1889, il épouse en secondes noces Elisa Charlotte van Humbeeck (1877-1956), issue d’une grande famille bruxelloise dont il aura quatre enfants : l’aîné Aurelio mort au champ d’honneur en 1916, puis trois filles, Natalia, Brunetta et Atala. Il commence alors à être reconnu : en 1890, une de ses œuvres (baigneuse en marbre) figure dans le catalogue d’une vente de l’hôtel Drouot.
Passionné de cyclisme, il relie, en 1895, Florence à Paris en vélo. Il est même nommé « consul de l’Union Vélocipédique Italienne ».
Vers l’âge de 40 ans, il part s’installer en famille à Bruxelles où il perfectionne son art et devient professeur dans une école d’art bruxelloise.
En 1914, en raison de la guerre, il quitte la Belgique et regagne sa Toscane natale et s’installe à Volterra. C’est là qu’il se lance dans la réalisation de monuments funéraires. Un an plus tard, il rejoint son frère Ernesto à Nice et ouvre son propre commerce d’œuvres d'art en 1916, dénommée « Aux Arts Florentins ». Il réside à Nice jusqu’en 1932, puis déménage à Villeneuve-Loubet au quartier des Groules. En 1935, il réalise son dernier monument funéraire à la gloire du Roi Albert 1er de Belgique à Antibes. Puis il déménage à nouveau et vient s’installer à Antibes au 12 avenue Muterse. Il décède le 21 août 1943 dans sa résidence du Logis de Bonneau à Villeneuve-Loubet, mais est inhumé au cimetière de Rabiac à Antibes où il sera rejoint par sa femme en 1956, sa fille Brunetta en 1958, sa fille Natalia en 1973 et sa fille Atala en 1987. Le tombeau familial est orné d'une sculpture dit « L’ange à la lampe », œuvre de Riccardo Aurili.

Riccardo Aurili et sa famille à Villeneuve-Loubet (Photo familiale)

Atelier-boutique de R. Aurili à Villeneuve-Loubet

Signature du sculpteur (Prof. R. Aurili)

Statue de "L'ange à la lampe" sur la tombe de Riccardo Aurili.

Détail de la statue.

Pour connaitre l'histoire du monument au roi Albert 1er de Belgique qui se trouve à Antibes, rendez-vous au chapitre "Histoire et anecdotes".

BOUCHARD Henri (1875-1960)

Henri Bouchard est né le 13 décembre 1875 à Dijon. Il est fils d'un père charpentier et d’une mère couturière qui aimait fréquenter les musées. Ses parents lui ont enseigné très jeune l’amour des belles choses et du travail bien fait. Il travaille un certain temps dans l’atelier d’un ornemaniste où il apprend à tailler la pierre. Il suit parallèlement les cours à l’école des Beaux-Arts de Dijon.
En 1895, il quitte sa Bourgogne natale pour s’installer à Paris. Il suit alors les cours de l’académie Julian, une école d’art privée. Il entre à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier du sculpteur Louis-Ernest Barrias. Il obtient le Prix de Rome en 1901 avec une sculpture intitulée "Œdipe et Antigone chassés de Thèbes", puis devient professeur à l’académie Julian en 1910. Il est pensionnaire à la villa Médicis de Rome de 1902 à 1906, puis fait plusieurs voyages en Afrique du nord, en Espagne et en Grèce. Il s’oriente alors sur la représentation de la vie quotidienne du peuple.
A son retour, il s’installe à Paris dans le quartier Montparnasse et reçoit sa première commande de l’État en 1907. C’est le début d’une certaine reconnaissance officielle. 
Il est mobilisé en 1915, puis démobilisé 4 ans plus tard. Il reçoit alors de nombreuses commandes. Il s’installe à Auteuil dans un atelier plus grand. Il participe à l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Il enseigne en même temps à l’académie des Beaux-Arts de Paris jusqu’en 1945.
C’est en 1922 que la municipalité antiboise, souhaitant honorer les 261 Antibois morts pour la patrie, décida (délibération du conseil municipal du 29 août 1922) de lancer une souscription afin d’ériger un imposant monument aux morts. Les dons furent multiples et variés quant à leur origine et leur montant, allant de quelques centimes jusqu’à plusieurs centaines de francs. L’architecte antibois Louis Eugène Copello fit les plans du projet en associant un socle massif fixé contre le mur de soutènement du tombeau de Championnet, surmonté de la statue d’un poilu haute de 7 mètres. Le choix du sculpteur se porta naturellement sur un artiste habitué aux projets grandioses : ce fut Henri Bouchard. Les travaux commencèrent rapidement. Le 31 juillet, dans le journal « Le réveil d’Antibes, on pouvait lire : « M. Bouchard, le célèbre artiste auteur de la maquette est venu récemment à Antibes où il a assisté à la terminaison du chef-d’œuvre. Il a dirigé la dernière mise au point et s'est déclaré satisfait du travail effectué. Les échafaudages vont être démontés et un graveur va tailler dans le socle les armes de la vieille Antipolis barrées de sa devise. » Le monument fut inauguré le 3 juillet 1927 en présence de nombreux officiels.
S’ensuivit une période trouble dans la vie de Bouchard. En 1940, il aurait déclaré lors d'une réunion de l'école des Beaux-Arts : "Pourvu qu'on soit débarrassé des Juifs et des Francs-maçons... Sans eux, j'aurais eu plus de commandes." De 1941 à 1945, il participa au Groupe Collaboration et fit partie en 1941 des nombreux artistes français qui acceptèrent l’invitation à venir faire une tournée en Allemagne, formulée par Joseph Goebbels. A son retour, Il signe un article sur ce voyage dans la revue L'Illustration, dans lequel il écrivit : « Alors j'ai dit ce que j'ai vu : la vie presque féerique que le gouvernement du Reich sait faire à ses artistes, qui semblent être là les enfants chéris de la nation. » Grande naïveté ou opportunisme ?

En 1942, il est membre du comité d’honneur de l’exposition Arno Breker à Paris. En 1942, faisant suite à la loi du 11 octobre 1941 sur la récupération des métaux non ferreux, et malgré ses protestations, trois de ses sculptures en bronze sont détruites pour la refonte. 

Après la guerre, il eut à répondre de ses agissements sous l'Occupation, devant cinq instances. En 1944 à la Libération, le comité directeur du Front National des Arts, dominé par les communistes et présidé par Pablo Picasso, le reconnait comme collaborateur. Son dossier sera ensuite classé. La même année, devant la Commission d'épuration de la Société des artistes français, puis à partir de novembre 1944, le Conseil d'enquête de la direction générale des Beaux-arts qui le révoque de son poste d'enseignant aux Beaux-Arts; la Justice, puis le comité national d'épuration des artistes peintres, dessinateurs, sculpteurs et graveurs à partir de fin 1945 où il écope d'une interdiction d'exposer, et de vendre durant deux ans.

Après la guerre, sa carrière se poursuivit en demi-teinte. Il perdit nombre de commandes passées avant-guerre, en raison de ses condamnations. En 1948, il réalisa deux statues de Résistants: la première pour la commune de Barentin en Normandie, et l'autre,  la statue du Père Jacques, à la mémoire d'un prêtre catholique résistant, mort en déportation en 1945. Peut-être était-ce une sorte de recherche de réhabilitation ? Il réalisa sa dernière œuvre en 1959, celle d'un "vendangeur" pour le Clos de Vougeot, dans la région qui l'a vu naître.
Il meurt à Paris le 30 novembre 1960. Son éloge funèbre fut prononcée par son successeur à la présidence de l'Académie des Beaux-Arts Raymond Martin qui insista sur sa grande qualité artistique, sur sa conduite glorieuse pendant la première guerre mondiale, laissant planer un voile pudique sur son comportement sous l'occupation.

Le monument aux morts d'Antibes. Statue du Poilu.

Chasseurs alpins devant le poilu en construction.

Henri Bouchard. Portrait par Carolus-Durand

Père Jacques par Bouchard.

La légende du Poilu.

Une légende naquit en raison du fait que le Poilu de Bouchard tienne son arme du côté gauche. En fait,  Bouchard n’avait pas fait d’erreur. Il  voulait signifier que ce monument était destiné aux soldats qui avaient passé « l’arme à gauche », c'est à dire à ceux qui étaient morts pour la Patrie. Une rumeur selon laquelle le sculpteur se serait suicidé en prenant conscience de son erreur, se propagea, alimentée par le fait qu’un sculpteur lyonnais du nom de Lemot s’était effectivement suicidé après avoir oublié de placer les étriers sur la statue équestre de Louis XIV qu’il venait de livrer. Mais on sait que Bouchard mourut tout simplement dans son lit le 30 novembre 1960 à l’âge de 85 ans.

Signature de Bouchard dans le bronze.

Signature de Bouchard dans le marbre.

Abel CHRETIEN (1919-1972)

Abel Raymond Chrétien est né à La Mure en Isère le 9 juin 1919 où son père, Abel Léon Alexandre Chrétien (1893-1971) était coiffeur. Sa mère était née Andréa Marie Brachon (1894-1973). Sculpteur et médailleur, il sera profondément marqué par le monde de la mine qui a bercé son enfance.
A l’âge de 20 ans, il est appelé sous les drapeaux, et sera démobilisé en 1942. Il échappera au STO en entrant à la mine.La carrière de mineur, c’était la règle et l’espoir de tout jeune dans le bassin des mines d’anthracite de La Mure. Il rejoindra la Résistance dans le Vercors. En 1946 est votée la Loi de nationalisation des mines qui créée Les Charbonnages de France. L’exploitation de La Mure prend le nom de Houillères du Bassin du Dauphiné. 
Abel Chrétien commença à se faire un nom local à partir de 1948, en illustrant la revue "Le Mineur Matheysin", un journal du syndicat des mines, ainsi que le bulletin paroissial. Ses caricatures paraitront dans deux recueils intitulés "Pigés et Flore de Trou-sur-Jonche".
Peu après, il se lance dans la sculpture. Influencé par Paul Landowski et Paul Belmondo, il réalise sa première grande œuvre : la tête de Mineur qui sera placée sur le fronton de la cantine des houillères. Il réalise plusieurs œuvres pour des commandes locales : la statue du hall de la mairie de La Mure, une sculpture intitulée "Le coup de grisou", à la suite d’un accident survenu en 1956, qui sera placée dans le jardin de la ville de La Mure.
Il vient s’installer à Vence dans les Alpes-Maritimes comme animateur culturel à la Maison du Mineur, qui reçoit les Mineurs atteints de silicose. 
Il s’installe à Antibes de 1958 à 1972 dans l'ancien atelier de Nicolas de Stael. Il y recevra de nombreux modèles plus ou moins illustres, qui souhaitaient faire leur buste. Devant son succès, il part aux Etats-Unis où il réalisera 70 bustes en 2 mois pour des magnats de la presse, de riches industriels, des hommes politiques, des artistes. Il devra même improviser une conférence sur l'histoire de l'art dans une école pour riches jeunes filles. Il sera sélectionné pour réaliser une sculpture représentant les 30 géants de la Science su monde pour l''exposition de New-York, mais l'assassinat de Kennedy fera annuler le projet.  De retour à Antibes, il réalise alors plusieurs grandes œuvres : le mémorial des Rapatriés qui est installé au cimetière de Rabiac à Antibes, le buste de Sidney Bechet placé dans la pinède de Juan-les-Pins et dont une copie est à New-York, le monument funéraire de Pierre Merli au cimetière d’Antibes ainsi que celui de Jean Poirier, industriel, créateur de l’enseigne « Au vieux chêne ». 

Il achètera une grande propriété à Vallauris car, disait-il, les figues y étaient meilleures et les vignes donnaient un meilleur vin. Il s'installa au  Castéou de Cilharibar, que l'on appelle désormais "Villa Chrétien".
Il recevra de nombreux prix : Médaille de bronze en 1949 au Salon des artistes français, Grand Prix de la ville de Nice, médaille d’argent des Arts-Sciences-Lettres en 1961.
Il s’est marié en 1954 à Saint-Laurent-en-Beaumont (Isère) avec Raymonde Zélie Hustache (1923-2009) dont il aura deux enfants, Henri, qui sera photographe et Élisabeth.  

Il décèdera à Antibes le 22 août 1972. La cérémonie funèbre aura lieu à le Salle-en-Beaumont. 

La tête de Mineur

Le coup de grisou

- Œuvres antiboises -

Lou casteou de Cilharibar à Vallauris

Signature de Abel Chrétien.

Le Mémorial des Rapatriés d'outre-mer

Sidney Bechet dans la pinède de Juan-les-Pins, inauguré le 10 juillet 1960

François COGNÉ (1876-1952)

François Victor Cogné est né le 10 aout 1876 à Aubin (Aveyron), en plein pays minier (bassin de Decazeville-Aubin). Son père Joseph était platrier, sa mère née Marie Fontanié, sans profession.
Ses parents s’installèrent à Paris en 1886 à la suite de la fermeture des « Aciéries et Forges du Gua ». Il fut reçu 2e à la section sculpture à l’école Boulle à Paris, puis en 1894 à l’école des Beaux-Arts (atelier de Barrias). Il commença à produire des bustes et des statues sous le pseudonyme de Nogec (anagramme de son nom).
Il débuta au salon des artistes français, obtint une mention honorable en 1909, puis la troisième médaille en 1921 pour la statue du Poilu dite « Le Retour ».
Il fut blessé pendant la première guerre mondiale dès 1914, puis réformé en 1915. De cette expérience, il en tira une inspiration qu’il utilisa dans la réalisation de ses monuments commémoratifs de la guerre.
Il se maria une première fois avec Alice Eugénie dite Aline de Korsak (1885-1975). Après son divorce, il se remaria le 15 avril 1899 à Pantin avec Clémence Victoire Tilleux, fleuriste, dont il eut une fille, Suzanne Hortense (1903-1979) et un fils. Il divorça en 1929. Il contracta alors une troisième union le 4 décembre 1929 avec Madeleine Alice Wietor (1888-1980).
Il a réalisé de nombreux portraits officiels. Ses deux œuvres les plus célèbres sont la statue de Georges Clemenceau et le modèle des bornes qui jalonnent la « Voie de la Liberté », route que suivirent les troupes du général Patton d’Avranches à Metz en 1944. Ses autres œuvres montrent son orientation artistique princeps : Statue du baron Haussmann, statue du Maréchal Liautey, les bustes du Maréchal Foch et de Mussolini, une statue en pieds du Maréchal Pétain ainsi qu’un buste destiné à trôner dans les mairies à la place de la "Marianne", le buste du Maréchal Joffre en céramique, le monument à la mémoire de Georges Mandel. Sous le régime de Vichy, il sera sculpteur officiel de l’État français, mais refusera de faire le voyage en Allemagne organisé par Goebbels pour les artistes français.
Il sera fait chevalier de la Légion d’honneur le 9 novembre 1920, officier en 1927, puis commandeur le 21 janvier 1936.
Le 11 avril 1951, le prince Rainier III (1923-2005) inaugura, dans les jardins Saint-Martin à Monaco, la statue en bronze du prince Albert 1er, surnommé « Le prince navigateur », à la barre d’un navire, réalisée en partie par François Cogné dans son atelier de la Garoupe à Antibes.
Dans son livre « Revivre, l’increvable politique, p. 209, Pierre-Barthélémy Gheusi cite cette anecdote : « Le statuaire officiel du Maréchal et de l'amiral Darlan, François Cogné, qui a sculpté les bustes ou les médaillons de nombre de notabilités actuelles du pape à Alphonse XIII et de Mussolini à Lyautey, en passant par Loti, Caillaux, Pierre Laval, Clemenceau, Barthoud, Rabaud et cent autres encore, doit tailler dans le marbre une image du chancelier Hitler et se rendre en Allemagne pour y travailler.
Quand on a demandé son prix, Cogné a répondu qu'il ne voulait point être payé en argent et qu'il proposait seulement la libération de dix prisonniers français.
- Ce n'est pas dix prisonniers qui seront libérés sur vos indications, lui a-t-on fait répondre aussitôt : vous serez autorisé à en demander cent dans nos stalags. »
Il était membre du Grand Orient de France.
En 1926, François Cogné loua le terrain sur lequel se trouvait la chapelle du Calvaire, sur le plateau de la Garoupe, pour une durée de trente ans, au prix d’un franc par an, dans le but d’y créer son atelier, des salles d’exposition et un musée. L’autorisation était accompagnée d’une restriction : que ce bâtiment ne soit pas habité. Or les plans de M. Cogné prévoyaient un logement pour le gardien. L’affaire traina. L’autorisation lui sera accordée le 3 avril 1928. Le 21 juin 1928, il écrivit une lettre à la municipalité dans laquelle il proposait d’offrir à la ville « un monument à Paul Arène qui devra être érigé aux environs de l’Ilette où cet auteur situa son délicieux conte ‘Le Canot des Six-Capitaines’. ». Monument dont il estimait la valeur à environ 100.000 francs ! Cette promesse ne sera jamais réalisée malgré un rappel à l’ordre en 1929. Plus tard sa demande, en 1946, d’agrandissement des lieux, aux frais de la municipalité, soit environ 500.000 francs, sera retoquée. L’histoire s’arrêta avec le décès du sculpteur le 9 avril 1952 en son domicile 38 boulevard Raspail à Paris. Il sera enterré au cimetière du Montparnasse.
En fin de carrière, il avait proposé à la ville de Rodez d’être héritière de son atelier, avec de nombreuses maquettes et œuvres, s’engageant à financer lui-même les aménagements nécessaires. Mais la ville avait refusé, par manque de place.
Son atelier situé 121 boulevard Haussmann à Paris sera vendu le 16 juin 1961.

Tout compte fait, la présence à Antibes de ce grand sculpteur reconnu n’aura guère été profitable. Il n’a laissé aucune de ses œuvres à la ville. Son apport a été de transformer une petite chapelle désaffectée peut être vouée à la disparition en un lieu intégré au plateau de la Garoupe, visité par des milliers de touristes et qui permettra plus tard à un autre artiste, Gilbert Gianangelli, de développer son art.

François Cogné dans son atelier, présente le buste de Clemenceau. Photo Thérèse Bonney, 1929.

Médaillon à l'effigie de Georges Mandel, oeuvre de François Cogné

François Cogné, oeuvre du peintre Serge Ivanoff, 1945.

L'atelier du sculpteur dans la chapelle du Calvaire à la Garoupe.

Une des bornes de la "Voie de la Liberté".

Cogné travaille le buste de Pétain en présence de son modèle.

En-tête de courrier de François Cogné

Édouard COLLIN (1906-1983)

Edouard Pierre Collin est un peintre, lithographe, graveur, illustrateur et affichiste français.
Né à Meudon (Seine-et-Oise, aujourd'hui Hauts-de-Seine) le 11 décembre 1906, d’un père fonctionnaire et d’une mère sans profession. La maison de ses parents étant située à proximité de l’aéroport de Villacoublay, il a pu assister aux débuts de l’aviation, ce qui l'aura profondément marqué et se retrouvera dans ses créations.
Il s’intéressa très vite aux arts graphiques et sera accepté à l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris. Il sera élève de Albert, de Pierre Laurens et de Maurice Denis. Il reçut de nombreux prix et en particulier le Grand Prix de Rome, récompense suprême de l’école.
En parallèle, il passa le concours de l’éducation Nationale pour pouvoir enseigner. Il en sortit major au concours pour l’accès au professorat des lycées, puis à 22 ans, il fut à nouveau major au concours d’accès à l’Enseignement supérieur.
En 1936, il réalisera de nombreuses affiches pour les automobiles Renault ainsi que pour la Croix-Rouge.
Il se maria en 1937 avec Simone Thiery, une de ses camarades des Beaux-Arts. Ils auront deux enfants : une fille en 1938 et un fils en 1941. 
Il sera mobilisé en 1939 et en profitera pour décorer le couvent des Carmes de Vic-sur-Seille (Moselle) qui devenu aujourd’hui le siège de la mairie.
En 1945, il fera un premier séjour à Antibes en raison de problèmes de santé. C’est à cette époque qu’il réalisera en 1948 la fresque de la Chapelle des Marins (Notre-Dame de Bon-Port) à la Garoupe. Il aimait également se promener en ville, surtout dans le quartier du port, au milieu des gens. Il en profitera pour faire de nombreux portraits de pêcheurs, de vedettes du jazz qui se produisaient à Juan-les-Pins, de scènes de rue, aimant fixer de manière quasi photographique des attitudes, des mimiques qui évoquent la vie de tous les jours.

Il poursuivra une carrière internationale qui l'amènera à décorer le pavillon de l'île de France à l'exposition de 1937, de l'aérogare de Beauvais-Tillé en 1939, du paquebot France. Il rentre à Paris en 1950, mais n’oubliera jamais Antibes où il reviendra à plusieurs reprises. En 1970, il réalise une sorte de pèlerinage sur les lieux de son enfance où il participe à une exposition à Meudon (9-14 octobre 1979). Il aimait regarder le monde avec des yeux d'enfant, mêlant ses souvenirs d'enfance (avion, ballon, montgolfière) avec les objets de la vie moderne.
Dès 1959, il avait retrouvé son activité d’enseignement dans les lycées. Il reçut les Palmes Académiques en 1966.
Il meurt à Marseille le 4 août 1983 âgé de 77 ans.

Edouard Collin devant son chevalet sous la surveillance attentive de son chien.

La chapelle de Notre-Dame de Bon-Port à la Garoupe avec la fresque des Marins d'Edouard Collin.

Détails de la fresque.

Mrs Ogno, Bonfant, marins Louis Genovese, Edouard Destefano, Grillé, Airaudi

Mrs Joséphin Vallauri, Ambriot, Toussaint Lusselin, Ange Dalmasso, Melle Deschamps et Blanchet

Affiches d'Edouard Collin

Le pélerinage à Notre-Dame de Bon-Port peint en 1981 par Edouard Collin

GIANANGELLI (1935-2009)

Gilbert Giuliani est né à Jarny (Meurthe-et-Moselle) le 4 février 1935. Ses parents étaient originaires des Abruzzes, nés tous les deux à Acciano. Son père Nicolas, né en 1889 était machiniste aux mines de Jarny ; sa mère née Maria Gianangelli, née en 1893, tenait un commerce de détail. Il est le dernier de cinq enfants, né 14 ans après son dernier frère. Les trois premiers sont nés en Italie, les deux suivants en France, ce qui situe l’arrivée de la famille en France vers 1920, pour s’installer sur le bassin ferrifère de la Moselle, tout d’abord à Tucquegnieux (Meurthe-et-Moselle) puis à Jarny. Il s’agit d’une des nombreuses familles italiennes venues dans l’est de la France pour travailler dans les mines ou la métallurgie.
Très jeune, ses qualités artistiques sont apparues au grand jour dans sa capacité à exprimer des paysages émotionnels par l’intermédiaire de représentations artistiques.
On a peu de renseignements sur son enfance dans l’est de la France, toujours est-il qu’il a choisi comme pseudonyme artistique le nom de jeune fille de sa mère, nom qu’il a pris au moment du décès de celle-ci.

Son histoire devient plus détaillée à partir de son installation à Antibes au début des années 1960 à 35 ans, ville qu’il a choisie afin d’accomplir son œuvre, puisant son inspiration dans la nature provençale, dans le riche patrimoine historique de la ville, s’alimentant dans les mouvements d’avant-garde.
L’art ne nourrit pas son homme, comme il est coutume de dire, aussi, fut-il obligé à ses débuts, de trouver un travail salarié : il sera typographe au journal « Nice-Matin ». Ce sera son coup de chance, car il va trouver chez son patron, Michel Bavastro (1906-2008), un soutien bienveillant qui va lui permettre de poursuivre et développer ses activités artistiques.
Artiste éclectique, il va se réaliser dans plusieurs disciplines : la peinture, le dessin, le pastel, le collage, la sculpture, la lithographie. Admirateur de Paco Rabane, il a même habillé des mannequins avec des robes de métal qu’il appelait sa « mode lunaire ».

L’ayant bien connu, il me parlait souvent de son attachement au pays antibois, à sa lumière, au soleil qui était pour lui un symbole artistique majeur. Il évoquait souvent ce qu’il appelait ses « ayatollahs » que j’interprétais comme étant des pulsions artistiques qui le contraignaient et se matérialisaient dans des objets, qui devenaient presque des fétiches comme le soleil, le poisson (ichtus).
Il put également nouer une relation intime avec le maire de la ville, Pierre Merli. Il se verra confier vers 1975, un poste de conseiller artistique auprès du musée Picasso qui avait pris la suite du musée Grimaldi en 1966. Il sera l’assistant du conservateur, Romuald Dor de la Souchère qui le définira ainsi : « Si le courage est l’ensemble des qualités qui caractérisent le cœur, Gianangelli est un homme courageux. Il travaille la nuit pour vivre et faire vivre sa famille. Rentré au cœur de la nuit de l’hiver, à l’aube l’été, toujours ivre de fatigue, il dort cinq heures. Tôt levé, il court à cet atelier haut perché de la Garoupe où il découpe la tôle, où il tord le fer, où il couvre de dessins des centaines de feuilles avec une ardeur qui le dévore. Honneur à lui. » Il assurera l’intérim du poste de conservateur à la suite du décès de Dor de la Souchère survenu le 1er décembre 1977 et ce jusqu’en 1981, date de son remplacement par Danièle Giraudy qui restera jusqu’en 1991.

Il rencontrera Jacqueline Picasso après le décès de l’artiste. Elle lui confiera symboliquement les outils de graveur et l’empreinte de la main du Maître. Il se liera avec les artistes locaux : Mathieu, César, Hartung et Brasilier.

Illustration de la "mode lunaire de l'an 2000":
Sur les photos, on voit deux mannequins sur la promenade des Anglais à Nice, en 1968.
A gauche, un costume de bain métallique avec tunique assortie et des jambières de cowboy.
A droite, un costume de bain deux-pièces porté avec une tunique métallique suspendue à un collier rigide.

Quelques photos de Gianangelli dans son atelier. Photos Pierre Magherini, 2008

Cliché Maurice Bernaudeau. A remarquer en bas à droite, la photo de Picasso.

En 1964, il fera sa première exposition au Bastion Saint-André.
En 1966, il exposera diverses structures métalliques.
En 1968, défilé de sa « mode lunaire de l’an 2000 » sur la promenade des Anglais à Nice.
En 1971, il se rendra au États-Unis afin d’offrir au maire démocrate de New-York, John Lindsay, l’affiche qu’il a réalisé sur « Antibes Juan-les-Pins ». Gilbert aimait dire qu'il avait des liens familiaux avec Rudy Giuliani, qui sera maire de New York de 1994 à 2001.
En 1972, il créera et installera la grande horloge de la place des cars d’Antibes.
En 1986, il réalisera le décor du festival de jazz de Juan-les-Pins.
En 1991, le maire d’Antibes lui confiera la décoration de la chapelle du Calvaire.
En 1991, il créera un modèle de poisson qu’il nomme « Ichtus ».

Ichtus

Quelques années plus tard, il se trouvera isolé, replié dans son atelier où il allait régulièrement pour y travailler, malgré l’état de délabrement des lieux.
Pendant deux ans, il luttera contre une maladie qu’il savait fatale. Il mourra en 2009.
Il était marié et avait deux enfants.
Ses deux œuvres majeures restent son horloge inaugurée en 1972, grand soleil ayant nécessité 3 tonnes de métal, dont les indications sont matérialisées par des incrustations de pierre venant de Roquefort-les-Pins ; et le grand voilier en tubes métalliques pesant 3,5 tommes et mesurant 17 mètres de haut, poussé par le vent conçu pour le festival du jazz de Juan-les-Pins et installé en 1994.

Décor pour le festival de jazz à Juan-les-Pins. 

Inauguration en présence du maire Pierre Merli en 1972. Archives municipales 17Fi17

L'artiste devant son œuvre monumentale.

Deux œuvres de Gianangelli.

Une affiche pour Antibes

Gianangelli avec ses "Femmes habillées de métal" en 1968

Photo d'art Biondo, 1963

Deux portraits de l'artiste

Alphonse Désiré GREBEL (1885-1968)

Alphonse Désiré Grebel dit Pock est né le 14 mars 1885 à Hirson (Aisne). Son père était ingénieur en électricité, sa mère née Odile Daniel, sans profession. Il est l’aîné de cinq enfants. Son père, chef de l’usine électrique desservant le ministère des finances, essaiera de se suicider en 1907.
Il était à la fois sculpteur, paysagiste, artisan joailler et décorateur. Il fut l’élève de l’école Boulle, à l’école des arts décoratifs et à l’école des Beaux-Arts de Paris où il sera l’élève du sculpteur Antonin Mercier.
Il fait son service militaire de 1905 à 1907 et termine avec le grade de sergent. De retour à la vie civile, il ouvre son atelier à Montmartre.
En 1914, il est mobilisé et est affecté au 236e régiment d’infanterie. Il subira avec beaucoup de souffrance le premier hiver 1914 et finira au Val-de-Grace avec les pieds gelés.
Guéri, il reprend son activité artistique produisant plusieurs œuvres montrant la souffrance des soldats livrés à eux-mêmes. 
Ses premières œuvres témoignent des souffrances endurées par les soldats au cours de la guerre de 14-18. Il vécut et travailla à New-York dans les années 20 où on note son appartenance à la Society of Independants artists Inc. Il reçut une médaille d’or à l’exposition des arts décoratifs de Paris en 1925. De retour en France, il s’installa dans le sud, à Antibes en 1934. Il enseigne l’art du modelage, et crée plusieurs œuvres visibles à Juan-les-Pins dont le style s’accorde avec celui de la station : statue de Jeanne d’Arc devant l’église éponyme, la Baigneuse qui est une de ses œuvres les plus célèbres, qui orne une fontaine sur la promenade du soleil, l’hymne du soleil au parc Exflora. A Cannes il sera choisi pour réaliser le monument célébrant l’ancien maire André Capron (1936).
Il est possible que son œuvre « La Baigneuse » lui ait été inspirée par cette baigneuse qu’il avait sauvé d’une noyade certaine le 27 février 1934 au Golfe-Juan, risquant lui-même sa vie. La sculpture a été installée en 1939 soit 5 ans après cet épisode.
Il se maria une première fois à Paris avec Alphonsine Villeger (1886-1934) dont il aura deux enfants. 
Il eut une deuxième union le 23 août 1941 à Antibes avec Odette Sylvie Babou (1909-2007) dont il aura un fils. Ils résidaient à Antibes avenue des Amphores dans la villa « Lou viei Bastidoun ». Elle était une musicienne renommée ayant obtenu un prix au concours international de chant. A Antibes, il aura pour élève, Georgette Piccon (1920-2004), qui deviendra une artiste peintre renommée. Odette, son épouse enseignera le chant, fondera l’ensemble vocal d’Antibes en 1971, présidera l’association « Les Grandes Heures de la Cathédrale d’Antibes », puis créera en 1992 le « Festival d’Art sacré d’Antibes » qu’elle présidera jusqu’à son décès le 14 octobre 2007 à l’âge de 98 ans.
Alphonse Grebel quant à lui meurt à Antibes le 16 septembre 1968 à l’âge de 83 ans.
Dans sa réunion du 16 février 2017, le conseil municipal a pris la décision de donner le nom d’avenue Alphonse et Odette Grebel à la portion de la route de Cannes entre le rond-point d’Antibes-les-Pins et le rond-point des Eucalyptus.

Alphonse Grebel

Statue de "Jeanne écoutant ses voix" devant l'église Sainte Jeanne d'Arc.

L'Hymne au soleil.

La baigneuse qui semble tournée vers le large, mais regarde le bassin à ses pieds comme pour se rassurer.

Edmond LAHAYE (1886-1981)

Chansonnier et dessinateur humoristique né le 9 novembre 1886 à AY (Marne). Fils de Fernand Félix Lahaye (1860-1934) et de Clémence Alice Testulat (1865-1914).
Il se lance dans une carrière de chansonnier dans les cabarets de Montmartre et pratique le dessin. Le 15 avril 1911, il devient membre de la société des Dessinateurs Humoristiques de Paris. Le président en était alors Adolphe Wilette (né à Chalons-sur-Marne le 30 juillet 1857 et mort à Paris le 4 février 1926) un peintre, illustrateur, affichiste, lithographiste et caricaturiste français. Ses parrains étaient Francisque Poulbot et David Widhopff. Il participa à la première exposition des Humoristes en mai 1911 qui se tint rue de la Ville-Evêque à Paris. Parallèlement il faisait des dessins pour la presse parisienne notamment les journaux "Le Matin", le "Ruy Blas".
Quand la guerre éclata en 1914, il fut mobilisé. Il combattit pendant quatre années sur le front et fut blessé trois fois.
La guerre finie, il épousa le 22 mars 1920 à Paris une pianiste parisienne, Yvonne Louise Jeanne Fernande DELEVOYE (née le 11 juillet 1887 au Havre, décédée en 1966 à Antibes), dont il aura deux enfants : Flore-Anne née en 1920 et Thierry né en 1922.
Il quittera alors Paris pour s'installer dans le sud dans les années 1920, d'abord à Golfe-Juan, puis à Antibes. Il délaissa quelque peu le dessin pour la décoration de pièces de vaisselles en céramique (proximité de Vallauris oblige). Il continua malgré tout une carrière de dessinateur en faisant des caricatures de personnages célèbres. Progressivement, il s'orienta sur le dessin publicitaire, travaillant pour les hôtels, des magasins connus, des fabricants de chocolats et confiseries. 
Ses talents d'écriture se réalisèrent dans les chansons humoristiques qu'il interprétait avec sa femme au piano. Il animait chaque dimanche une émission sur Radio Côte d'Azur où il chantait et faisait des sketches.
Il installe son propre atelier-maison-boutique dénommé « L’Imagerie » où il créé des séries de cartes postales qu'il publie lui-même en particulier la série des "Pyjamas". Ses œuvres représentent souvent des femmes chics et belles portant des tenues à la mode.
Voir sur ce sujet, le film documentaire réalisé par son petit-fils Julien Donada : Antibes entre deux - Petites histoires d'Edmond Lahaye et d'Antibes Juan-les-Pins pendant l'entre-deux-guerres (France, 2008).

Edmond Lahaye à sa table de travail.

Deux cartes dessinées par E. Lahaye dans la série des "pyjamas".

L'atelier d'Edmond Lahaye à Antibes dessiné par lui.

Une afffiche dessinée par E. Lahaye.

Edmond Lahaye au piano à Antibes en 1971.

Marcel MAYER (1918-2011)

Marcel Mayer est un sculpteur français né à Grenoble le 13 août 1918. Sa mère était peintre et musicienne et descendait d’une famille de peintres bordelais. Le jeune Marcel fut ainsi très tôt initié aux arts plastiques
Prisonnier pendant la seconde guerre mondiale, il tentera à plusieurs reprises de s’évader afin de rejoindre la Résistance. Repris à chaque fois, il sera finalement déporté en Ukraine au Stalag 325 de Rawa Ruska qui regroupait tous les récidivistes français et belges de l’évasion. Il continua malgré tout à travailler et à créer. C’est ainsi qu’il créera dans la forteresse où il était incarcéré, un monument intitulé « Le Prisonnier mourant », utilisant des outils fabriqués avec des pièces métalliques de récupération et un morceau de marbre provenant d’une tombe juive profanée.
Libéré après cinq ans de captivité, on lui propose d’intégrer l’atelier du sculpteur Charles Despiau, ce qu’il refuse en raison du passé de collaborateur de celui-ci.
Il rejoint sa famille installée à Nice où la municipalité alors dirigée par Jacques Cotta, met à sa disposition un atelier disponible dans la villa Paradisio qui accueillit entre 1941 et 1944 les lauréats du prix de Rome en remplacement de la villa Médicis à Rome. Il y résidera pendant 7 ans, et réalisera plusieurs commandes publiques dont le « Monument à la Résistance » réalisé pour la municipalité antiboise et inauguré le 24 août 1947 en présence de M. Paul Haag, préfet des Alpes-Maritimes d’août 1946 à octobre 1950, puis de la Seine. Celui-ci déclarera plus tard : « J’ai gardé le plus fidèle souvenir du monument à la Résistance que j’ai inauguré à Antibes en 1947, et que j’avais trouvé très beau et très puissant. »
Son atelier deviendra un lieu où se croiseront diverses personnalités en particulier Armand Fernandez qui deviendra célèbre sous le nom d’Arman.
Jean Médecin lui retirera la disposition de cet atelier en 1952. Il partit alors s’installer à Paris où il va faire des rencontres fructueuses : la baronne Alix de Rotschild qui est maire de Reux et lui commande une Marianne, Albert Camus qui lui écrit un texte pour l’exposition de ses œuvres à Paris en 1954.
La même année, il revient dans la région niçoise, pour se rapprocher de la comtesse Marie de Saint-Exupéry. Il réalisera le buste de son fils, puis en 1959, celui de l’actrice Romy Schneider.
En 1960, il se rend aux Etats-Unis, missionné par le Syndicat national des sculpteurs statuaires afin de nouer des contacts avec les sculpteurs américains.
De retour en France, il poursuivra ses activités de création répondant à diverses commandes publiques comme le monument de Jean Moulin inauguré en 1969 à Aix-les-Bains. En 1974, pour le festival de jazz de Nice, il réalise le buste de Louis Armstrong, inauguré par la princesse Grace de Monaco et par l’épouse du trompettiste venue spécialement des États-Unis. En 1983, il réalise le monument aux maréchaux de France pour la ville de Nice.
Il aura une activité soutenue jusqu’à son décès le 18 septembre 2011 à Monaco.

Le monument à la Résistance d’Antibes a été déplacé au cimetière des Semboules et installé sur un socle sur lequel est inscrit : « Œuvre érigée en l’honneur des héros de la Résistance inaugurée par M. Jean Pastour, Maire d’Antibes le 24 août 1947, réalisée par M. Marcel Mayer »

Le monument à la Résistance de Marcel Mayer à Antibes tel qu'il était sur la place des martyrs de la Résistance avant son déplacement au cimetière des Semboules.

Romy Schneider posant pour Marcel Mayer

Marcel Mayer sculptant le monument des maréchaux à Nice.

Le prisonnier mourant. Monument Commémoratif de Rawa Ruska (1943), créé par Marcel Mayer durant sa détention dans le camp de représailles des évadés récidivistes à Lviv. Lviv, cimetière de Lytchakiv.

Léopold MORICE (1843-1920)

Jean Léopold Morice est un sculpteur français né à Nîmes (Gard) le 9 juillet 1843, mort à Paris le 30 juin 1920. Son père François-Guillaume était ébéniste et sa mère née Désirée Boutin, couturière. Il fit son apprentissage chez Auguste Bosc et François Jouffroy. En 1863, à l’âge de 19 ans, il entre à l’école nationale des Beaux-Arts de Paris. Il exposa au Salon des artistes français qui se tient tous les ans, jusqu’en 1913. Il y reçut plusieurs médailles dont une en or en 1883. Il sera médaille de bronze à l’Exposition universelle de 1889, puis médaille d’argent à celle de 1900.
Il reçut de nombreuses commandes publiques. Son œuvre la plus célèbre est le Monument de la République inauguré à Paris, sur la place du Château d'eau qui deviendra plus tard place de la République, entre 1880 et 1883, haute de 9,50 mètres, qui repose sur un piédestal de 15,50 mètres de haut, dont les plans seront réalisés par son frère François-Charles Morice (1848-1905), architecte. 
Il sera fait chevalier de la Légion d’honneur en 1888.
C’est à l’initiative de M. Marquand, imprimeur à Antibes et adjoint au maire Robert Soleau, qu’il reçut la commande d’un buste du général Championnet. Il réalisa alors un buste en bronze donnant au général un air de Bonaparte à ses débuts, insistant par-là sur l’idéal républicain de la Nation en armes. Ce buste sera inauguré le 15 août 1891 en présence de nombreuses personnalités. Cette cérémonie sera suivie d’une fête nocturne au cours de laquelle M. Louis Gallet, le librettiste de Massenet, né à Valence comme Championnet, récita un grand poème lyrique exaltant la glorieuse carrière du jeune général mort à 37 ans.
En 1943, le buste fut descellé afin d’être fondu. C’est un récupérateur de métaux du nom de Ristori qui le retrouva oublié dans un entrepôt de Nice. Le buste fut réinstallé à sa place devant la halle du marché d’Antibes, lors d’une cérémonie qui se déroula le 24 septembre 1944.
Léopold Morice sera inhumé à Paris au cimetière de Montparnasse dans le caveau familial qui est décoré d’une de ses œuvres, La Pleureuse.

Buste de Championnet à Antibes

Léopold Morice.

Monument à la République à Paris inauguré en 1883 sur la place de la République.