Antibes historique
Le problème de l'eau à Antibes a toujours préoccupé les autorités de la cité. La ville grecque, cantonnée sur son rocher, devait cruellement manquer d'eau. Aucune source à cet endroit. Cosson évoque l'existence d'un petit cours d'eau au pied du rocher. Était-ce la mystérieuse Mimerette dont le cours suivait parait-il le tracé de l'actuelle rue des Casemates, et qui se jetait dans le port à un endroit que les pêcheurs connaissaient bien ? Des citernes recueillant l'eau de pluie étaient-elles suffisantes ?
Lorsque les Romains firent d'Antipolis une cité d'importance en lui accordant le ius latii, ils prirent en mains le problème de l'eau, et le résolurent "à la romaine" en créant des aqueducs. Ils utilisèrent dans un premier temps les sources présentes: la Font vieille, la source dite Saint-Roch et la source Saint-Michel qui très vite, vu le développement de la ville, se montrèrent insuffisantes. Antipolis fut alors dotée de deux aqueducs dès le début du 1er siècle après J.-C. Il semble que le premier à être construit soit l'aqueduc de la Bouillide.
Pour approfondir ce sujet, on peut se référer aux articles suivants :
- L'aqueduc d'Antipolis dit de la Bouillide (Alpes Maritimes) par Paul Garczinski, Jean Foucras, Michel Dubar in : Gallia, tome 62, 2005 ; pp13-34.
- L'aqueduc de la Font Vieille à Antibes à la lumière des travaux du XVIIIe siècle et des fouilles récentes, par Robert Thernot, in Revue Archéologique de Narbonnaise, janvier 2009.
Schéma modernisé et complété extrait du livre de Pierre Cosson, p. 101.
Il serait le plus ancien des deux, datant de la première moitié du 1er siècle. Cité dans l'ouvrage d'Arazi, "Histoire de la ville d'Antibes", il n'a pas laissé beaucoup de traces dans l'histoire. Pourtant il s'agit d'un ouvrage remarquable, long d'une quinzaine de kilomètres il part du lieu dit de la Bouillide et rejoint la ville haute, non loin de la Tourraque, ce qui a fait supposer que ce nom de "Tourraque" pouvait signifier "la tour de l'eau".
Le captage initial principal se situe à une altitude de 128 m, dans le jardin d'un restaurant dénommé "La Source", près du pont de la route reliant Antibes à Valbonne (D103). Ce pont enjambe le ruisseau de la Bouillide qui a sa source à quelques centaines de mètres de là, pà proximité du hameau des Bréguières (Mougins). Dans le jardin du restaurant "La Source", on trouve un petit bassin alimenté par une source dont le trop-plein (lorsqu'il y en a) se déverse dans la Bouillide. Le canal, après un court trajet vers le nord, va descendre direction sud-est selon un trajet parfois tortueux, commandé par la configuration du sol. Il comporte plusieurs ouvrages d'art. Il alimentait dans un premier temps un moulin à huile dit moulin de l'Eganaude. Plus loin, il se dirige carrément vers le sud pour rejoindre la vallée du Fugeiret qu'il traverse sur un pont à une arche, puis contourne une colline pour rejoindre un pont à une arche en partie effondré aujourd'hui. Il rejoint ensuit l'autre branche de l'aqueduc qui suit le ruisseau de la Valmasque. Il traverse ensuite le vallon occupé par le petit ruisseau du Goa par un grand pont à cinq arches. Le canal remonte ensuite vers le nord pour contourner la colline des Croûtons. A partir de là, le canal se dirige clairement vers la ville en longeant plus ou moins la rive gauche du vallon du Laval, contourne la "Sarrazine", traverse le cimetière de Rabiac puis longe la route de Grasse sur son flanc gauche. On a pu l'apercevoir en coupe au niveau du supermarché (aujourd'hui Auchan) et dans certains jardins du quartier de la Pagane. Il traverse la voie ferrée non loin du pont du Marseillais. Puis il s'oriente vers la ville en suivant le boulevard Dugommier, traverse la place de Gaulle. Il serait visible dans les caves de l'avenue Meissonier puis tourne pour suivre la rue du Haut-Castelet où on aurait pu trouver trace de sa présence dans la cave d'une maison, et finit par atteindre le quartier de la Tourraque.
La Bouillide au niveau du captage.
Pont aqueduc de la Bouillide.
Pont à une arche sur le Fugueiret dans les années 60. Photo Nicaise-Bonhomme.
Pont sur le Goa aujourd'hui.
Pont à deux arches sur la Valmasque dans les années 60. Photo Nicaise-Bonhomme.
C'est le plus connu des deux en raison de la restauration dont il a pu bénéficier grâce au travail du sous-brigadier du corps royal du génie, Monsieur Louis d'Aguillon. J'ai pu rappeler plus haut (dans Histoire et anecdotes, "Où une fuite a permis l'arrivée de l'eau à Antibes"), les difficultés qu'il à pu rencontrer pour accomplir son œuvre. Cet aqueduc fut construit au cours du IIe siècle après J.-C. probablement car le débit du premier aqueduc était insuffisant pour satisfaire aux besoins de la cité.
Il trouve son origine dans le vallon de la Brague, à proximité du rond-point de la Source Romaine au lieu dit "Les Sources Romaines". La faible altitude du lieu (environ 7 à 8 mètres) n'autorise qu'une pente faible : environ 0,055%. Son parcours est en grande partie enterré ou au ras du sol. A la différence du précédent, il ne possède pas d'ouvrage d'art car il ne traverse aucune rivière.
A partir de son origine, il longe la route de Biot (actuelle avenue Michard-Pelissier). En atteignant le plateau des Bréguières, il tourne à 90° vers l'est, utilise le vallon du ruisseau de la Font-Sardine. Il réapparait au raz-du-sol à proximité de l'hôpital (encore visible) et se jette dans un grand bassin de décantation dont le trop-plein fournissait une eau agréable aux voyageurs qui passaient sur la Via Aurelia remplacée aujourd'hui par la RN7. Cette fontaine a donné le nom au lieu dit "La Fontonne". A partir de là, l'aqueduc passait sous la route, descendait dans les jardins du Val Claret puis se dirige vers la chapelle Saint-Roch. Il pénétrait alors dans la ville où il alimentait un grand réservoir qui a disparu lors de l'édification du bastion de Rosny.
Lorsque M. d'Aguillon restaura l'aqueduc, il dut s’accommoder de la présence des remparts, ce qui l'obligea à traverser ceux-ci vers le bastion de Rosny en créant un pont à arches visible sur certaines photos anciennes. L'arrivée de l'eau grâce à cette restauration permit d'alimenter une fontaine ainsi qu'un moulin à farine
L'aqueduc de Fontvieille à son arrivée à La Fontonne.
Vue rapprochée du pont de l'aqueduc. Archives municipales 6Fi20
Photo prise lors du démantèlement du bastion de Rosny. On aperçoit, au centre, le petit pont à arches permettant à l'aqueduc de traverser les glacis, pour pénétrer dans la ville. Archives municipales 6Fi45
Le lavoir de Rosny. Archives municipales 51Fi53.
Le lavoir de Rosny. Image colorisée. Archives municipales 6Fi5.