Pour découvrir l'histoire d'Antibes, rien de tel qu'une promenade à pieds, avec de bonnes chaussures, en prenant son temps, ce qui permet d'en découvrir les richesses parfois évidentes, souvent cachées.
Ces itinéraires ne sont qu'une invitation à cheminer dans la ville, à prendre son temps devant les monuments, à humer l'air marin du haut des remparts ou sur le chemin de Tirapeou, à se perdre dans les odeurs de garrigue du bois de la Garoupe, à écouter le flux des vagues au bord de mer.
Nous avons conçu 5 itinéraires qui vont permettre de découvrir les lieux principaux de la ville et de ses environs de manière agréable et sans précipitation.
⇒ L'axe historique.
⇒ Du marché provençal au port.
⇒ Dans les rues de la vieille ville.
⇒ De l'Ilet au plateau de la Garoupe.
⇒ Le tour pédestre du Cap d'Antibes
Je l'ai nommée ainsi car elle permet de traverser l'essentiel de la ville et de voir la plupart des monuments principaux. Elle se déroule selon une direction ouest-est, commence à la place de Gaulle et se termine devant l'hôtel de ville.
La place de Gaulle s'appelait autrefois place Macé, du nom de l'ingénieur parisien ayant présidé à la destruction des remparts. Cette place mesure 2 600 m². Elle est dominé côté nord par la masse imposante du Grand-Hôtel, édifié selon les plans de l'architecte antibois Louis-Eugène Copello. Son fronton richement décoré en impose.
La place est entourés de grands immeubles de style haussmannien. Le plus ancien se trouve au n° 8 et possède également un fronton décoré.
Prenons maintenant la rue de la République qui va nous amener au cœur de la vieille ville..
La rue de la République s'appelait autrefois rue Royale. Immédiatement sur la gauche, on remarque un grand bâtiment, entouré à son pied par de petits commerces. Il s’agit de la Porte de France, monument inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis 1928. Ce monument emblématique de la ville, bien mal mis en valeur, est le dernier représentant des remparts d’Antibes côté terre. Elle constituait la porte d’entrée principale de la cité depuis le XVIIe siècle.
Son fronton a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1928. Le fronton visible de la place Guynemer n’est que la reproduction, du véritable fronton d’origine situé sur l’autre face, sculpté en 1710 par Joseph Dole, et a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1928.
Ce bâtiment a été transformé en maison d'habitation, et vient d'être acheté par la ville en 2023 pour la somme de 1,4 M€ afin d’en faire un musée de l’art et du patrimoine.
Poursuivons notre cheminement le long de la rue de la République et nous voici place Guynemer qui abritait autrefois la gare du tramway visible sur la photo. La photo suivante nous montre la place au tout début du XXe siècle. Je vous laisse le plaisir d'essayer de retrouver les immeubles d'aujourd'hui.
On y a installé par la suite la place des Cars. Sur celle-ci on peut admirer l'horloge monumentale créée en 1972 par l'artiste antibois Gianangelli (1935-2009). Elle a nécessité 3 tonnes de ferraille pour sa réalisation.
La photo ci-dessous nous montre la place des Cars dans les années trente. Connaissez-vous la marque des bus ?
Photo Levy Fils
Photo archives privées
Le bâtiment au centre est toujours bien identifiable. A droite, le portail du collège
La rue de la République descend ensuite au milieu des magasins pour nous amener à la place des Martyrs de la Résistance, que les Antibois continuent d'appeler place de la Poste, où se trouvait autrefois le Grand Arsenal qui a été rasé en 1930 afin d'élargir la rue.
Sur cette place se trouve la Poste centrale édifiée en 1935 dans le style « art déco ». Ce bâtiment est protégé en raison de son architecture originale. Il devrait être prochainement transformé en un hôtel de luxe de 39 chambres avec piscine sur le toit.
La place a été récemment réaménagée en mode minéral. Elle est devenue la place centrale de la ville où se côtoie divers commerces et de nombreux bars et restaurants.
A droite, le mur de l'arsenal. Edition Niel
Au centre de la place a été récemment installé un nouveau monument destiné à rendre hommage aux martyrs de la Résistance. Ce monument composé de trois colonnes de marbre blanc a été imaginé par le cabinet d'architecture Wilmotte et associés.
Au n° 44 de la rue de la République, se trouvait l’hôtel « National et d’Alsace », où mourut, le 17 décembre 1896 l’écrivain et conteur provençal Paul Arène (1843-1896), Une plaque apposée sur le mur rappelle cet évènement.
Poursuivons notre déambulation en laissant sur notre droite le porche s'ouvrant sur la rue du Marc. Plus loin, la rue James Close qui garde le souvenir de sir James Close, né en 1799 à Manchester (Angleterre), devenu banquier et conseiller du roi des Deux-Siciles Ferdinand II qui arriva à Antibes à 62 ans, voulut s"y installer, acheta 176.000 m² de terrain au Cap d’Antibes pour y construire une villa, mais mourut avant la fin des travaux.
A l'angle de cette rue, remarquons la petite fontaine dite du Pissacan (à voir dans les "Évènements historiques") édifiée en 1859.
Nous arrivons ainsi sur la grande place Nationale qui s'appelait autrefois la place des jardins du Roy. Au centre de cette place se trouve une colonne érigée en 1818 à la suite du siège d'Antibes de 1815. La ville fut assiégée mais ne céda pas. Le roi Louis XVIII remercia la ville en la mettant au rang de "bonne ville du royaume" et fit ériger cette colonne commémorative en récompense la fidélité des Antibois à la royauté.
Cliché E. Le Daley
Cliché Aqua photo
Cette place servait à la fois à la garnison militaire qui donnait, en alternance avec l'harmonie municipale, des concerts dans le kiosque qui fut démonté en 1963 avant d'être remonté récemment.
Le musée Peynet a été installé en 1989 dans les locaux de l'Hôtel des Postes et Télégraphes.
La place s'ouvre par deux rues: l'une part à droite et amène au marché provençal. C'est la rue Sade qui fait référence à Joseph-David comte de Sade, un lointain cousin du "divin marquis". Il est célébré à Antibes car il défendit avec opiniâtreté la ville lors du siège de la ville en 1746.
L'autre rue qui s'ouvre à gauche, c'est la rue Clemenceau, anciennement "rue du puits neuf" ainsi dénommée en raison de la fontaine qui en occupe la partie basse. Elle se nomma ensuite rue de l'Hôtel-de-ville.
Cliché P. L. Maillan
La fontaine a été édifiée sur une ancienne fontaine créée en 1785, lorsque M. Louis d’Aguillon rétablit l’ancien aqueduc romain d’Antibes. Elle porta successivement les noms de fontaine du Puits-neuf, fontaine de l’aigle car elle était surmontée d’un globe supportant un aigle, puis fontaine des dauphins en raison des décors des bouches d’eau. On l’appelait également fontaine de la Miséricorde en raison de sa proximité avec la chapelle de la Miséricorde, dont on voit encore le bâtiment, transformé en théâtre, derrière la fontaine.
Sur la gauche s’ouvre la rue Thuret qui porte le nom de l’illustre diplomate et botaniste Gustave-Adolphe Thuret, créateur en 1858 du jardin Thuret qui se visite, situé au Cap d’Antibes.
La rue Clemenceau amène à l'hôtel de ville. Dans cette rue, il faut remarquer plusieurs choses: le linteau du n° 10, la belle façade du n° 8, la plaque apposée sur la façade de la maison natale du comte Honoré-Charles-Michel-Joseph REILLE (1775-1860), au n° 7, général d'Empire puis maréchal de France..
Cliché E. Le Daley
Nous débouchons en haut sur la Place Masséna, face à l’Hôtel de Ville. A droite se trouve le « marché provençal », sur le cours Masséna, et sur la gauche, la rue Aubernon qui nous amènera au port ce dont nous reparlerons dans l’itinéraire n° 2.
En face de nous, l’hôtel de ville qui fut édifié en 1828 sur les plans de l’architecte Lantonin. Ce bâtiment a pris la place de l’ancienne « maison commune » qui avait été donnée à la ville par Louis XIII en 1616.
Nous voici arrivés au terme de cette première déambulation dans les rues antiboises. L'itinéraire suivant peut être enchainé pour les bons marcheurs, sinon, il est temps de s'arrêter à une terrasse de café et de s'offrir un peu de repos bien mérité.
Cet itinéraire va nous faire déambuler dans les rues de la vieille ville. Promenade parsemée de sites historiques. Nous partirons de là où nous nous sommes arrêtés précédemment, c’est-à-dire devant l’hôtel de ville. Sur notre droite se trouve le marché provençal qui occupe le cours Masséna.
Nous connaissons tous le nom de Masséna (1758-1817), célèbre maréchal napoléonien.
Cette place s'appelait autrefois "place vieille", mais reçut son nom actuel en 1860, probablement pour plaire à Napoléon III. A l'origine, cette place n'était pas couverte, comme on peut le voir sur cette photo, ce qui lui vaut son nom actuel de "cours". L'ombrage était fourni par de grands micocouliers. La couverture sera installée en 1927.
Le buste qui trône sur cette place n'est pas celui de Masséna comme on aurait pu s'y attendre, mais celui du général Championnet (1762-1800), mort du choléra probablement à Nice, mais certains soutiennent qu'il est mort à Antibes, dans la rue Thuret où une plaque rappelle son souvenir.
Au numéro 21 de cette place se trouve la maison où vécut Masséna avec son épouse à l'époque où il tenait un commerce d'huiles et de savons.
Cliché E. Le Daley
Nous allons traverser le marché couvert. A la sortie, sur la gauche, remarquons la petite porte dit "porte de l'Orme" qui est la plus ancienne porte de la ville haute, toujours flanquée de ses deux tours. Elle s'appuie sur un soubassement en pierres romaines. Dans l'embrasure de la porte, on peut encore voir les larges rainures incisant l’intérieur de la porte, utilisées autrefois par le système de fermeture.
Sur le cliche (P. L. Maillan), on aperçoit à gauche de la plus grosse des tours, un bâtiment aux allures de temple. Il s’agit de l’ancienne chapelle Sainte-Claire, édifiée au XIVe siècle, qui fut un théâtre puis la "salle des associations".
Continuons notre chemin pour arriver sur une petite esplanade située sur la gauche, dominée par la masse de la "Tourraque" partie des anciennes fortifications.
Cliché P. L. Maillan
Au pied de cette tour passe la rue Barque-en-Cannes. Ce nom peut paraître curieux. Il vient de la déformation, bien curieuse il est vrai, du mot barbacane qui désigne un ouvrage de fortification destiné à protéger un passage.
Nous allons maintenant emprunter la rue de la Tourraque qui présente une double pente, et permet de rejoindre le front de mer.
Cliché Aqua photo
La première partie de cette rue se fait en descente. Arrivé au point bas, sur la gauche se trouve une fontaine érigée en 1851. C'est la fontaine de la Tourraque, avantageusement présentée sur cette aquarelle.
La petite ruelle nous amène au lavoir de la Tourraque (photo Les Belles Éditions Françaises), qui est le seul à subsister des trois lavoirs antibois installés entre 1776 et 1785. Il est encore en état de marche, mais il a été couvert en 1930 et a été classé monument historique. Ce lavoir est équipé d’un bac circulaire avec arrivée d’eau décentrée, ce qui provoque un tourbillon, on dirait aujourd’hui un effet "whirlpool », qui facilite et rend plus efficace le lavage.
Prenons maintenant la partie ascendante de la rue de la Tourraque qui va nous amener au front de mer.
Arrivés en haut, sur notre droite s'ouvre la rue du Haut-Castelet qui donne accès à la typique place du Safranier qui aurait été autrefois un abri pour les pêcheurs.
En face de nous, se dresse la masse du Bastion Saint-André que nous explorerons dans l’itinéraire suivant.
Editions Librairie du Progrès
Photo prise au début du XXe siècle montrant le bastion d’Alaist où est aujourd’hui installé le jardin des Poètes. Document Archives Municipales
Pour l'instant, prenons à gauche pour arriver sur le Front de mer que nous allons parcourir en empruntant la Promenade Amiral de Grasse.
Arrêtons-nous quelques instants dans le petit jardin dénommé Jardin des Poètes. Il donne un point de vue remarquable sur les remparts et sur le Cap d’Antibes. Il déroule ses allées piétonnières dallées de terre cuite qui offrent une promenade au milieu de végétaux adaptés au climat méditerranéen : plantes exotiques, palmiers, cactus, succulentes, répondant à une double contrainte : demander peu d’eau et résister aux embruns. Çà et là, sont inscrites des citations de poètes, d’artistes, de célébrités.
Suivons maintenant la Promenade Amiral de Grasse qui suit l’ancien chemin de ronde long de 226 mètres. Celle-ci a été récemment aménagée pour laisser la part belle aux piétons. On peut ainsi profiter d’une vue panoramique sur l’horizon marin, sur le Cap d’Antibes, sur les sommets des Alpes maritimes et sur la partie est de la côte avec la ville de Nice et la côte italienne au loin.
En chemin, nous allons croiser quelques "œuvres d'art modernes":
⇐ La colonne de mer, œuvre monumentale de Bernard Pagès située en contrebas du musée Picasso.
Le Défi de Nicolas Lavarenne, qui unit la terre, le ciel et la mer dans un mouvement audacieux mettant en lumière la fatalité d’élévation qui contraint l’homme à prendre conscience de sa condition et à respecter la Nature.
En poursuivant notre chemin, nous allons passer sous le château d’Antibes qui a été transformé en musée. On y trouve actuellement de nombreuses œuvres d’artistes célèbres : Picasso bien sûr, Hans Hartung, Nicolas de Stael, Fernand Léger...
Continuons notre pérégrination le long des vieux remparts antibois. Nous allons passer devant la maison qu’occupât le peintre Nicolas de Staël qui séjournera à Antibes de septembre 1954 au 16 mars 1955 date à laquelle où il mit fin à ses jours en se défenestrant de la terrasse de sa maison antiboise. Une plaque apposée sur le mur de la maison commémore son séjour.
Au bout de cette promenade, nous dominons le port. Sur la gauche s'ouvre la Courtine dont l'accès est souvent fermé. Le Fort-Carré se détache, dominé à l'arrière-plan par la chaîne des Alpes-Maritimes où l'on peut distinguer, à l'extrême gauche, l'Argentera, point culminant de la chaine à 3297 mètres, situé en Italie.
Nous allons quitter les remparts en empruntant un petit escalier assez raide qui rejoint une placette dénommée Place Malespine, du nom d’une ancienne famille antiboise. En bas des escaliers, tournons à droite pour rejoindre la porte Marine qui donne accès au port. A l’origine, il n’y avait que la petite porte. La grande ouverture a été créée en 1930 pour donner un accès au port aux automobiles qui commençaient à envahir la ville.
En face de nous s’ouvre le boulevard d’Aguillon. Ce boulevard, qui longe la Courtine, doit son nom à Louis d’Aguillon, brigadier des armées du Roi, qui assura le désensablement du port d’Antibes ainsi que la restauration de l’ancien aqueduc romain de Fontvieille.
Traversons maintenant la porte Marine afin d'atteindre le port Vauban, premier port de plaisance d’Europe d'une superficie de 25 hectares.
Cliché Berger et Cie
Le port a bien changé depuis l'époque où il n'occupait que la partie ancienne visible sur cette ancienne carte postale et la port d'aujourd'hui qui a envahi la totalité de l'anse Saint-Roch.
De nombreuse activité s'y sont développées au cours du XXe siècle: service aéronautique, terminal pétrolier, construction de bateaux en ciment, chantiers navals et enfin port de plaisance. Dans la partie "Galerie" du site, vous pourrez voir diverses images du port permettant d'en découvrir les activités passées.
Nous allons contourner le port par la droite en empruntant le quai Henri Rambaud qui fut maire d'Antibes de 1950 à 1953.
Photochrome S.I.C.A.
Après quelques dizaines de mètres, une ouverture voûtée permet d’accéder à la Plage de la Gravette qui a été créée en 1970 par le rejet des sédiments venant du dragage du port.
Sur la gauche de la plage, une zone surélevée correspond à l’esplanade Sainte Claire qui a pris la place d’un îlot rocheux dit îlot Sainte Claire sur lequel s’élevait autrefois une chapelle. Du haut de cette esplanade, un petit escalier permettant de rejoindre la plage de la Petite Gravette d’où une ouverture nous permet de rejoindre le port et de poursuivre notre déambulation le long du Quai Henri Rambaud jusqu’à atteindre le Bastion Saint-Jaume. Quelques marches nous amènent sur le rempart, là où trône le Nomade de Plensa, géant haut de 8 mètres est fait d’acier inoxydable blanc, constitué de lettres soudées ensembles. Que représente t-il ? A chacun son interprétation.
Profitons également de la vue sur le grand large avec la barrière montagneuse des Alpes-Maritimes et au loin Nice et la côte italienne.
Pour cet itinéraire, nous allons nous donner rendez-vous au jardin Albert 1er. Le square actuel fut gagné sur la mer en y déversant des déblais et gravats issus de la démolition des remparts. Son nom actuel vient de la présence d’un buste du roi Albert 1er réalisé en marbre de Carrare par le sculpteur toscan Ricardo Aurili (1864-1963) afin de garder présent le souvenir du « Roi-chevalier » (1875-1934).
Le square est dominé par l'imposante masse du Bastion Saint-André, un des derniers vestiges des remparts côtés terre. Construit au XVIIe siècle, il abrite aujourd'hui le musée archéologique de la ville. Il possède une large terrasse qui donne une vue intéressante sur la vieille ville et sur l’environnement maritime du Cap d’Antibes.
Nous allons maintenant longer les remparts sur quelques dizaines de mètres avant de nous orienter à gauche vers la place du Safranier.
Photo M.T.I.L.
Maison de Nikos Kazantzaki (1863-1957), né en Crète, auteur à succès de Vie et aventure d'Alexis Zorba, L'Odyssée, un poème de 33.333 vers, Le Christ recrucifié, La liberté ou la mort, la dernière tentation. Plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma.
Photo l'Hirondelle.
Il s’agit d’un lieu emblématique de la ville qui s’est érigé en 1966 en « commune libre », ce qui lui donne un aspect de village dans la ville. Le nom de « safranier » pourrait venir du mot safre qui désigne un mélange de sable et d’argile d’origine marine. En provençal, safras veut dire sablon grossier, mais safraniero désigne une société de rôdeurs. Alors profitons d’une belle journée pour roder sur cette petite place. Peut-être rencontrerons nous l’ombre de Nikos Kazantzaki, l’auteur de Zorba le Grec, qui vivait non loin de là.
Rejoignons ensuite la rue qui longe le mur de la gendarmerie. Il s'agit de la rue du Haut-Castelet. Nous allons passer devant le banc de pierre au-dessus duquel, une plaque fixée dans les rochers nous rappelle que pour l'auteur de Zorba le Grec, "Antibes, c'était encore la Grèce".
La rue du Haut-Castelet est souvent qualifiée de plus belle rue d’Antibes. A vous de juger.
Descendons cette belle rue au travers des hampes de bougainvilliers,des touffes de plumbagos, des tiges de lauriers, des tapis muraux de fleurs de la passion et de volubilis ce qui donne tout son sens à la rue lors de la floraison.
On fond la rue tourne à gauche pour atteindre la rue des Paveurs. Dans cette rue se trouve une fontaine, presque oubliée, qui ne distribue plus d’eau depuis bien longtemps. Elle est formée d’une partie verticale adossée à une habitation, d’où sortent deux bouches à eau encadrant une figure sur laquelle est inscrite une date : 1833 et le mots Louis. La partie basse ressemble à une pierre à évier garnie de deux supports métalliques. Un pertuis laissait couler l’eau dans une rigole.
Ensuite, il nous faudra revenir sur nos pas pour rejoindre la rue des Revennes. Le nom serait lié à la présence d'une plante appelée ravenelle (giroflée ravenelle). Prenons à droite et suivons cette rue où se trouvent de nombreux petits commerces et restaurants. Puis elle se prolonge par la rue James Close. Puis nous retrouvons la rue de la République et en face de nous s'ouvre sous un porche la rue du Docteur Rostan qui fut maire de la ville pendant 35 ans (1830-1865), record absolu... pour le moment.
Portail latéral de la chapelle Saint-Bernardin
Fontaine de la rue des Paveurs
Pour aller vers cet édifice, je vous conseille de prendre la rue de la République à droite sur quelques mètres avant de tourner à gauche dans une petite ruelle , la rue Saint-Bernardin. Vous arriverez alors devant un magnifique petit portail en bois blond. Vous y verrez une date : 1581 LE XX MARS. Au-dessus, une mandorle contenant le monogramme du Christ. Le trait horizontal indique qu'il s'agit du nom de Jésus réduit à 3 lettres Iota Eta Sigma (Iesous).
La chapelle a été édifiée au XVIe siècle. Arrêtez-vous et appréciez sa façade néo-gothique. L'intérieur se visite et est lui aussi remarquable. Restauré récemment, il offre plusieurs œuvres de grande qualité.
L'intérieur de la chapelle contient de nombreux objets précieux: un autel en bois doré à la feuille, une statue de Saint-Antoine, deux tableaux importants pour la ville : La Piéta d'Entrevignes peint par Aundi vers 1539, et Notre-Dame des Anges daté du début du XVIe siècle. Les peintures murales ont été entièrement restaurées.
Sortons par le grand portail pour nous retrouver dans la rue Rostan que nous allons prendre sur la droite. Descendons cette rue puis tournons à gauche dans la rue Fontvieille puis à gauche dans la rue Vauban pour nous trouver face à une fontaine monumentale : La Fontaine de la Fontvieille.
Son nom vient tout simplement du provençal où "font" veut dire source, puis fontaine, et "vieilh", vieille. Elle est déjà signalée comme point d'eau de la ville dans l'antiquité. Jusqu'au XVIIIe siècle, à cet endroit, était signalé un puits. A l'époque, la ressource en eau était essentielle pour les Antibois. Certains avaient un puits personnel. On en retrouve beaucoup dans les caves du vieil Antibes. Mais les autres pouvaient être tentés de trop utiliser l'eau commune. C'est ainsi qu'un puits y fut installé, et qu'un gardien soit mis en place par le commandant d'Antibes, le sieur de Lhuilier, afin que la source unique d'eau de la ville ne soit gaspillée voir gâtée. Au XIXe siècle, on la dota d'une pompe mécanique. La fontaine monumentale actuelle sera édifiée en 1855. Les inscriptions gravées indiquent clairement ses objectifs :
En haut, l'année de son érection :
Anno 1855
Plus bas :
CIVIUM COMODO
URBIS ORNAMENTO
c'est à dire :
Dans l'intérêt des citoyens,
Pour l'ornement de la ville.
Sous les bouches à eau :
Défense de laver dans ce bassin
et d'abreuver les bêtes attelées.
La Fontaine de Fontvieille
Nous voici arrivés au terme de notre troisième itinéraire. Il est temps d’aller se reposer ou bien d'aller se rafraichir sur une des terrasses que nous offre la grande Place des Martyrs de la Résistance.
Cet itinéraire va débuter au Jardin Albert 1er dont nous avons déjà parlé au début de l'itinéraire précédent. Le jardin fut créé déversant des déblais et gravats issus de la démolition des remparts, en particulier des cavaliers et d’une partie de la caserne Gazan, le tout représentant environ 130.000 m3 de déblais. Il s'appelait d'abord tout simplement "Jardin Public", puis, en l'honneur des combattants de la guerre de 14-18, "Square des Poilus", puis enfin "Jardin Albert 1er" pour honorer ce souverain courageux surnommé "Le roi Chevalier" ainsi que pour rappeler la vaillance du peuple belge qui s'était battu avec ténacité. La photo montre le quartier peu après la création du jardin public.
Editions Levy et Neurdein
Nous allons nous diriger vers le Cap d'Antibes , en longeant l'anse de l'Ilet.
L'Ilet, c'est "la petite île", en fait une presqu'île. Nous nous trouvons dans le quartier du Ponteil. Nous allons longer la mer vers la bout de la presqu'île. Si nous nous retournons nous allons voir une grande ouverture voûtée en partie comblée. C'était là que le vallon du Laval se jetait dans la mer. Le quartier tient son nom d'un petit pont (Pountiha en provençal) qui enjambait ce vallon. Une nouvelle embouchure moderne à été réalisée à peu de distance.
Nous allons nous trouver face à un monument moderne, dominant les flots. Il a été érigé pou commémorer le cinquantième anniversaire d’une mission effectuée par le sous-marin P42 Unbroken commandé par le Lieutenant Alastair Campbell Gillespie Mars (1915-1985). Dans la nuit du 20 au 21 avril 1942, il débarqua dans cette anse plusieurs hommes qui étaient appelé à intervenir dans la Résistance. Il ramena avec lui Emmanuel d'Astier de la Vigerie qui put aller à Londres pour rencontrer le général de Gaulle.
Continuons notre marche le long de la mer. Nous sommes sur le boulevard James Wyllie nommé ainsi pour remercier le propriétaire de la villa Eilen-Roc au Cap d'Antibes qui avait fait don d'une somme importante à la ville afin d'aider à la construction du nouvel hôpital. Nous allons arriver à un premier rond-point dénommé rond-point de l'Ilette. On peut remarquer un bâtiment arrondi, devenu une pizzeria. Il s'agit d'un ancien moulin à huile encore actif au début des années 60 dit Le moulin des Pugets où l'on pouvait se fournir en huile d'olive, olives au détail et acheter des objets en bois d'olivier.
Sur notre droite, l'hôtel Josse qui a été créé dans les années 30 par un restaurateur Hollandais sur une partie du terrain d'une grande villa construite par M. Georges Aubernon, conseiller d’État et époux de la nièce du banquier Laffitte, la villa "Les Pins".
Nous allons continuer notre promenade en longeant la plage de la Salis. Celle-ci a été aménagée en 1964 pour en faire une belle plage de sable fin nécessitant un entretien régulier. En 2023, 4 800 tonnes de sable fin ont été utilisées pour l'entretien des plages antiboises.
Au bout de la plage se trouve un petit port abri : le port de la Salis. Il a été créé en 1911 sous l'impulsion de M. Rous-Chaffrey, conseiller municipal. Il était réservé au départ aux antibois possédant un bateau inférieur à 6 mètres.
De l'autre côté de la route s'ouvre le chemin du Calvaire que nous allons emprunter afin d'accéder au Plateau de la Garoupe. Ce chemin donne ainsi un accès piétonnier à ce lieu exceptionnel où se trouve des monuments essentiels d'Antibes. C'est ce chemin qu'empruntent les marins d'Antibes lors du pèlerinage de Notre-Dame de Bon-Port qui a lieu le premier dimanche de juillet.
L’origine de ce pèlerinage aurait son origine au XVIe siècle, lors d’une épidémie de peste qui ravagea la cité. Traditionnellement, les marins remontent la statue de Notre-Dame de Bon-Port, protectrice des marins, de la cathédrale jusqu'à la chapelle de la Garoupe. Le long du chemin du Calvaire sont installés les stations du Calvaire. La 14e et dernière station se trouve devant la chapelle du Calvaire.
Le plateau de la Garoupe est un des symboles d'Antibes. Il porte un ensemble architectural de tout premier plan. On y trouve des bâtiments religieux : chapelle de Notre-Dame de la Garde, oratoire de Sainte Hélène, chapelle du Calvaire ; des bâtiments civils : le phare de la Garoupe, la table d’orientation ; des bâtiments militaires : le sémaphore.
Sur cette photo signée Levy et Neurdein, on peut voir sur la gauche, la silhouette arrondie du moulin des Pugets.
Edition Braun et Cie.
Ne pas oublier d'aller voir la Table d'Orientation qui fut offerte par le Touring club de France et inaugurée en 1924. Sur la plaque apposée par le Syndicat d'initiative d'Antibes en souvenir de son inauguration a été transcrite la célèbre citation d' Guy de Maupassant : Je n'ai rien vu de plus surprenant qu'Antibes debout sur les Alpes au soleil couchant. Elle offre une vision à 360° parfaitement décrite sur la plaque en lave émaillée qui la chapeaute.
Après avoir fait le tour du plateau, il ne faut pas oublier d'aller voir l'oratoire de Amoureux de Peynet. Il a été construit en 1992 sur l'emplacement d'un ancien blockhaus allemand. Raymond Peynet (1908-1999) est un dessinateur humoristique, illustrateur et graveur, créateur du célèbre couple des Amoureux. Détail amusant : son épouse s'appelait Denise Damour ! La statue situé dans l'oratoire est signée Roger Capron. Ayant passé les dernières années de sa vie à Antibes, il a donné à la ville nombre de ses œuvres. Il donna son accord pour la création d'un musée Peynet situé sur la place Nationale qui devint en 1999 le "Musée Peynet et du dessin humoristique" ouvert aux œuvres de nombreux autres dessinateurs humoristiques de presse.
Ensuite, la descente va pouvoir se faire selon deux possibilités. Soit de reprendre le chemin du Calvaire et se retrouver à la Salis, soit, prendre la route carrossable et après le deuxième lacet, prendre à droite un petit chemin dit chemin de Notre-Dame, qui permet de rejoindre en quelques mètres le chemin de l'Ermitage. A partir de là on va pouvoir descendre tranquillement par ce chemin, au milieu des arbres et des villas pour rejoindre l'avenue de la Salis et ainsi se retrouver à proximité du port de la Salis d'où nous sommes partis pour monter le Calvaire.
Chemin Notre-Dame
Chapelle de Notre-Dame de Bon-Port
Ce nouvel itinéraire va nous amener à suivre un sentier côtier qui sera riche en odeurs et en images. Le plus simple est de garer sa voiture dans la grande avenue André Sella qui offre de nombreuses places de stationnement. A partir de là, se diriger en bas à droite pour atteindre le début du sentier pédestre dit chemin de Tirepoil. Tous les Antibois vous parleront de Tirapeou. Ce sentier va longer la côte. Autrefois, il était barré en de nombreux endroits par les accès privés à la mer que s'étaient octroyés des propriétaires des riches demeures qui parsèment le Cap à cet endroit. Pour passer, il fallait parfois sonner à un portail pour qu'un employé vienne ouvrir en prenant son temps. Mais la loi littorale a su y mettre bon ordre, et le passage est libre sauf en cas de coup de mer ou de vent violent.
Ce sentier est assez tranquille mais, bien qu'il ait été aménagé, il est indispensable d'avoir de bonnes chaussures pour éviter d'endolorir ses pieds sur les arêtes rocheuses acérées. En été il faut prévoir un chapeau, d'amener de l'eau, car le soleil y tape dur. L'ensemble du circuit fait environ 5 km suivi d'une portion de 1 km 5 sur la route goudronnée. L'autre possibilité serait de refaire le chemin en sens inverse, mais ce sera beaucoup plus long.
Un petit guide disponible au bureau du tourisme donnera de précieux renseignements au cours de cette balade.
Tout d'abord, d'où vient ce nom curieux. Tirepoil, c'est la traduction du mot local tirapeou formé de tira, tirer et peou, poil. Est-ce lié aux vents souvent violent en cet endroit, qui tire les cheveux et hérisse les poils ? Est-ce lié à l'aspect caractéristique des roches de calcaire rongées par l'érosion marine donnant des arêtes saillantes qui arrachent la peau ?
Les rochers de la Pointe de la Garoupe
La photo ci-contre montre le chemin à parcourir qu'il suffit de suivre en prenant le temps de regarder, humer, profiter du temps présent.
Le point de départ sera à la plage de la Garoupe.
Pointe de l'Ilette
La plage de la Garoupe en été dans les années 50. Cliché CAP
Nous allons prendre le petit chemin non revêtu, qui part au bout de la plage. C'est le sentier du Littoral ou chemin de Tirepoil bien indiqué et qui a été aménagé pour une promenade tranquille.
Dans un premier temps, nous longeons un beau mur en pierres qui masque une propriété privée. Cette première partie longe la baie de la Garoupe et offre une belle vue sur les plages et sur la colline de la Garoupe. Puis nous arrivons à une sorte de plateforme où se trouvait autrefois un blockhaus allemand. Celui-ci a été recouvert de terre pour permettre à la végétation de se reconstituer. En face de nous, la Pointe de la Garoupe où, étant gamin, on s'amusait lors des jours de tempête, à aller défier les vagues, ce qui se terminait invariablement par une belle "saucée". C'est ici que les rochers peuvent évoquer le nom de "tirepoil". On découvre la végétation typiquement méditerranéenne.
La pointe de la Garoupe et le phare.
La pointe de Tirapeou et la chaine ennneigée des Alpes-Maritimes.
Continuons le chemin qui nous permet de contourner la première anse pour atteindre l'anse de Tirapeou (je garde ce nom car j'ai toujours utilisé). La végétation est encore bien présente, mais nous allons nous diriger vers un monde plus minéral en utilisant des chemins parfois très tortueux.
J'espère que ces quelques photos vous auront donné envie de faire cet itinéraire d'environ 5 km qui vous procurera de belles sensations.
Pied-de-coq et cinéraire maritime.
Vue sur les iles de Lérins. Au fond l'Esterel et au centre, le mont Vinaigre.
Anthyllis barba-jovis ou Barbe-de-Jupiter
Arrivée au Chemin des Douaniers, il suffira de le remonter sur quelques mètres puis prendre la porte qui s'ouvre dans le mur d'en-face et poursuivre le chemin jusqu'à la Baie des Milliardaires (ou Anse du Faux-Argent). Ne pas oublier d'aller voir la Grotte des faux-monnayeurs. Les décors au plafond sont de réalisation récente. Après cela, poursuivre le chemin, rejoindre l'avenue Mrs L. D. Beaumont et la suivre jusqu'au Boulevard J. F. Kennedy. Au carrefour se trouve la Fontaine de l'Essor, décrite dans le chapitre "Histoire et Anecdotes". Prendre à droite l'avenue de la Tour Gandolphe. Arrivé à un virage à angle droit, voici la villa "La Tour Gandolphe". Cette vieille maison a été construite autour d'une ancienne tour de guet. Une partie de son terrain a été rachetée par le propriétaire du Château de la Croé. Poursuivre l'avenue jusqu'à rejoindre l'avenue André Sella pour y retrouver son véhicule. Voila. Vous avez marché environ 6 km500, vu des paysages magnifiques, vous vous êtes gorgés de soleil et d'air marin, vous avez des images plein les yeux. La nuit sera bonne.