Antibes historique

Découvrez notre galerie d'Antibes historique

Quelques images bien choisies sont souvent plus évocatrices que de longs discours. Alors, voici les pages qui vont permettre de se faire une idée assez claire de l'évolution de la ville et de sa richesse historique.

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Les cartes postales anciennes (CPA).

Les cartes postales anciennes font partie des éléments essentiels permettant de pénétrer l'histoire. Bien sûr elles n'éclairent qu'une histoire relativement récente puisque l'idée des cartes postales remonte à 1869 et est due à un professeur d'économie autrichien nommé Emmanuel HERMANN. Au début, elles ne possédaient pas d'illustration. C'est en Allemagne que l'idée de leur donner un caractère plus festif en y imprimant une illustration fut lancée.

En France, leur utilisation semble liée à la guerre de 1870, permettant aux soldats de communiquer de manière simple et rapide avec leur famille. Il est probable que certains soldats agrémentaient leur prose d'un dessin à destination de leurs proches. Mais il fallut attendre la loi de finance de 1872 pour que leur usage soit autorisé. Très vite ce fut un succès; de nombreuse sociétés se mirent à éditer des cartes postales.

On trouve des cartes postales d'Antibes remontant, pour les plus anciennes, aux dernières années du XIXe siècle. Les éditeurs les plus connus sont Biondo-Bonhomme, Giletta, Levy et Neurdein, Rostan et Munier, E. Le Daley...

Vous trouverez ci-dessous quelques images anciennes :

               - L'histoire de la place de Gaulle en images

               - Antibes hier et aujourd'hui.

               - Le port.

               - Le Fort Carré.

               - Les lavoirs de la ville.

               - Les vieilles fontaines de la ville.

               - Le plateau de la Garoupe.

L'histoire de la place de Gaulle en images

Ces six photos vont montrer comment s'est constituée la place de Gaulle telle que nous la voyons aujourd'hui.

Vers 1900

Les remparts côté terre ont été abattus. La place a été crée. le premier immeuble vient d'être édifié selon les règles haussmanniennes. N'oublions pas que M. Macé, l'architecte, était parisien : lignes droites, proportions harmonieuses. Au rez-de-chaussée, les boutiques. Au-dessus, L'entresol de hauteur limitée sert de dépôt pour les boutiques du rez-de-chaussée. Le deuxième étage, c'est l'étage des nobles; grande hauteur, fenêtres décorées, grand terrasse ornée d'une grille en fer forgé.  Au troisième étage, des appartements plus modestes pour la petite bourgeoisie. En haut, un fronton, souvent décoré.

Vers 1895

Les remparts sont toujours là, mais n'en ont plus pour longtemps. Une partie a déjà été détruite, ce qui explique les tas de gravats. La porte de France constitue encore l'entrée principale de la ville. Le site de la future place est en partie occupé par le pont dormant formé de neuf arches et long d'une quarantaine de mètres. Au fond, le bastion Royal veille encore.

Vers 1905

La place prend sa forme actuelle. Le premier immeuble construit, situé sur la gauche, a été rejoint par d'autres édifices avec en particulier le Grand Hôtel qui vient d'être construit par l'architecte Louis-Eugène Copello (CPA Berger et Cie)

Vers 1910

La place se développe peu à peu. Des ouvriers s'activent sur la place. Le kiosque a été détruit en 1908. Des platanes ont été plantés. Le Grand Hôtel trône en majesté. Il étale un bandeau : Grand Hôtel ouvert toute l'année (CPA Levy et fils).

Les années 60

La place était agréable avec ses grands arbres et ses plate-bandes fleuries. Sur la route, qui circulait en sens inverse, les trois grands constructeurs nationaux sont représentés: Citroën Ami 6, Renault 4L et Peugeot 404 se suivent. Sur la place, un bandeau annonce un Festival International... Peut-être le premier" festival du jazz" créé en 1960 ( Photo MAR)

Les années 50

La vue est orientée vers le boulevard Albert 1er. Les arbres ont bien poussé. Les voitures ont pris possession de la place (Photo Yvon).

Antibes hier et aujourd'hui

Vue aérienne de 1920 à 2025

Place de Gaulle et Grand-hôtel

Le Port

Vue aérienne du port après-guerre.

Une autre vue aérienne du port dans les années 1950.

Quelques beaux bateaux dans le port d'Antibes.

Photo Combier (CIM)

Le port et le Fort-Carré

Document Archives municipales d'Antibes

Les activités du port.

Photo Biondo

Le Fort Carré

C'est le monument le plus emblématique de la ville d'Antibes.  Que serait la ville sans cette silhouette familière; que serait ce port sans ce gardien silencieux mais attentif. Autrefois, il était même la "carte d'identité" de la ville resserrée derrière ses murailles. Ainsi, Léo Watripon, dans son Guide du Cap et de la ville d'Antibes paru en 1868 écrivait: En venant de Nice, on aperçoit une citadelle : "Cocher, est-ce là Antibes ?" - "Non, monsieur, c'est le Fort Carré". Puis, on laisse à gauche une espèce de porte, la voiture file et les yeux, à force de chercher Antibes, finissent par découvrir Cannes. En retournant, on laisse à droite la même sorte de porte, puis on aperçoit de nouveau la citadelle : "Cocher, où est donc Antibes ?" - " Monsieur, nous l'avons passée". On peut comprendre aujourd'hui pourquoi les Antibois ont voté pour la destruction de leur corset de pierres.

Avant le fort, il y avait une ile rocheuse, séparée du rivage par un goulet qui peu à peu s'est comblé sous l'effet du dépôt des sables amenés par la mer. Les Romains y installèrent un temple qui, selon la loi immuable du droit du vainqueur, fut remplacé par une église primitive chrétienne : l'église Saint Michel. Elle fut ensuite remplacée par la chapelle Saint Laurent qui, projet militaire oblige, fut transformée en tour de guet au début du XVe siècle : la tour Saint Laurent. Celle-ci, encore bien visible sur les images aériennes du Fort Carré, a peu à peu disparu derrière les quatre bastions à angle saillant que nous voyons aujourd'hui, édifiés sous la direction de l'ingénieur Henri de Mandon, et qui portent des noms donnés par leur orientation: Bastion France (ouest), Bastion Nice (nord), Bastion Corse (est) et Bastion Antibes (sud).

 

Les rois qui se succèderont apporteront des améliorations au système défensif de la ville. Le fort subira de nombreuses améliorations en fonction de l'évolution de l'ingénierie militaire. En 1680, l'ingénieur Niquet applique les plans de Vauban destinées à perfectionner le système global de défense de la ville, et dirige le creusement du port.

En 1860, lorsque les terres du comté de Nice rejoignent la France, Antibes perd sa position stratégique, et le Fort Carré son importance défensive. Déclassé en 1860, il servira de caserne jusqu'en 1967, date à laquelle il sera cédé au Ministère de la Ville, de la jeunesse et des sports. L'édifice sera acheté par la ville d'Antibes en 1997

Cliché Royer, Nancy

Un stade sera construit à ses pieds en 1920. Il pourra accueillir un match de la Coupe du monde de football : le 12 juin 1938, la Suède et Cuba se sont affronté ici en quart de finale. 

Librairie Maillan, éditeur

Cliché Neurdein frères

Aujourd'hui, le Fort Carré est devenu un lieu touristique très prisé. Il a été restauré entre 1979 et 1985 par les membres bénévoles du club du Vieux Manoir. Il est classé au titre des monuments historiques. Il est ouvert au public depuis 1998. Des visites guidées sont organisées.

Un sentier permet de faire le tour de la presqu'ile et donne de belles vues à la fois sur la vieille ville, le Port et le Fort. L'arrivée du sentier sur la plage de galets ouvre une perspective magnifique sur la baie des Anges et la chaine des Alpes-Maritimes.

Photo Giletta

   Les Lavoirs d'Antibes  

Un premier lavoir a été créé lors de la restauration de l'aqueduc par M. d'Aguillon, à proximité d'un moulin à farine. Il se situait près du Port, entre les actuelles avenues Saint-Roch et Frédéric Mistral comme le rappelle R. Pettiti. Ce lavoir disparaitra lors du démantèlement des remparts sous condition faite à M. Macé, d'établir à ses frais un nouveau lavoir public couvert. Ce sera le lavoir du boulevard d'Aguillon. Ainsi, lorsque les remparts auront permis l'édification de la ville nouvelle,  Antibes possèdera trois lavoirs auxquels il faut ajouter celui de la Fontonne. De ces édifices, porteurs de la mémoire de nos anciens, il n'en reste plus qu'un, celui de la Tourraque.

Photo P.L. Maillan. Colorisée

Le lavoir du boulevard d'Aguillon

C'était un lavoir couvert afin de protéger les "bugadières" du soleil ardent du midi et du fort vent. Il sera peu à peu déserté, remplacé par les moyens individuels de nettoyer son linge à domicile. La municipalité décida alors de transformer ce local en garage pour les véhicules des pompiers. Avec la construction de la grande caserne des pompiers sur l'avenue Jules Grec, ce local a été utilisé comme garage municipal.

Le lavoir des Casemates

Il s’appelait ainsi car il se situait dans la partie du boulevard d'Aguillon qui longe la Courtine où se trouvent les casemates que l'on peut voir sur la gauche.

Le lavoir de la Tourraque.

C'est le dernier lavoir antibois encore existant. Tous les autres ont été détruits lors de travaux. Il a depuis été couvert.

Le lavoir de La Fontonne

Ce lavoir était alimenté par les eaux amenées par l'aqueduc de Fontvieille. Avant le lavoir, il y avait une fontaine (font ou fountano en provençal) ce qui a donné son nom au quartier devenu depuis une agglomération. Ce lavoir a disparu, probablement enterré lors de travaux d'urbanisation et de construction de la route d'Antibes à Nice. Un projet de recherche et de mise en valeur existe en particulier en raison de la construction prochaine à cet endroit d'une résidence sénior.

CPA colorisée

Photo archives Nice-Matin. Colorisée.

L'ancien lavoir à ciel ouvert

Lors de la restauration de l'aqueduc de Fontvieille, le débit d'eau fut tellement important, selon les termes mêmes de M. d'Aguillon, que la municipalité fit édifier deux fontaines dans la ville (fontaine de la Miséricorde et fontaine de la Tourraque) ainsi qu'un moulin à blé dans le bastion de Rosny, c'est à dire à l'endroit où l'eau arrivait après avoir traversé les remparts. Après avoir alimenté le moulin, l'eau desservait un lavoir placé à proximité. Celui-ci se situait, comme le rappelle René Pettiti, entre l'avenue Saint-Roch et la rue Frédéric Mistral. 

Ce lavoir a disparu lors de la destruction du bastion de Rosny, probablement enfoui sous les déblais. Un autre lavoir, couvert celui-ci,  sera construit non loin de l'ancien lavoir.

CPA colorisée

Document Archives municipale d'Antibes. Colorisé.

Ce lavoir est indiqué sur ce plan du XVIIIe siècle par la lettre G.

Document Archives municipale d'Antibes

Les vieilles Fontaines d'Antibes

Nous nous limiterons aux anciennes fontaines car je trouve que les nouvelles manquent de charme..Bien sûr, elles ont leur intérêt et  certainement, leur utilité. Elles créent une atmosphère de fraicheur ; elles permettent aux estivants de se rafraichir et éventuellement de se réhydrater, à condition que la possibilité de le faire soit clairement indiquée. Mais, elle n'ont pas ce caractère irremplaçable que leur donne les siècles passés. Il leur manque ces vieilles pierres, usées, déchirées par le frottement des objets usuels, ébréchées par les chocs des siècles; elles n'ont pas ces tuyaux de cuivre bleuis par le flux séculaire de l'eau: ces encoignures remplis de mousse humide qui sentent bon les recoins obscurs de l'histoire.

La FONTVIEILLE.

"A tout seigneur, tout honneur", dit-on ! Voici la plus ancienne fontaine de la ville. Son nom vient tout simplement du provençal où font veut dire source, puis fontaine, et vieilh, vieille. Elle est déjà signalée comme point d'eau de la ville dans l'antiquité. Jusqu'au XVIIIe siècle, à cet endroit, était signalé un puits. A l'époque, la ressource en eau était essentielle pour les Antibois. Certains avaient un puits personnel. On en retrouve beaucoup dans les caves du vieil Antibes. Mais les autres pouvaient être tentés de trop utiliser l'eau commune. C'est ainsi qu'un puits y fut installé, et qu'un gardien soit mis en place par le commandant d'Antibes, le sieur de Lhuilier, afin que la source unique d'eau de la ville ne soit gaspillée voir gâtée. Au XIXe siècle, on la dota d'une pompe mécanique. La fontaine monumentale actuelle sera édifiée en 1853. Les inscriptions gravées indiquent clairement ses objectifs:

                      CIVIUM COMMODO, URBIS ORMAMENTO

             Dans l'intérêt des citoyens, pour l'ornement de la ville

Plus bas, il est écrit :

Défense de laver dans le bassin et d'abreuver les bêtes attelées.

La fontaine du Pissacan

Si vous vous promenez dans les rues du vieil Antibes, vous remarquerez sûrement cette petite fontaine qui se trouve à l'angle de la rue de la République et de la rue James Close. Elle a été installée en 1859 comme le rappelle une inscription sur sa partie haute. Le docteur Jean-Baptiste Rostan était alors maire de la ville. Elle parait insignifiante, mais elle a une belle histoire.

On l'appelle fontaine du Pissacan parce que son jet ressemblait autrefois, lorsqu'elle n'était pas encore alimentée par l'eau communale, à un jet d'urine de chien. D'autres disent que c'est parce que son bassin étant situé au ras du sol , les chiens venaient s'y soulager dedans.

Sur cette fontaine, on remarque une inscription : parvus sed gratus, ce que l'on peut traduire par "Petit mais agréable".

 Or, il arriva, au début du siècle, qu’une sécheresse opiniâtre vint presque la tarir, ce qui laisse supposer qu’elle était alimentée par une source. Un vieil Antibois, quelque peu poète se laissa alors aller à ces quelques vers qu’il inscrivit sur la fontaine : 

                                 

Mon pauvre pissacan

Toi qui pissait tellement,

Tu pisses sur tes chevilles.

Bientôt, Jésus Marie,

Tu mourras de sécheresse.

Reposes en paix. Amen.

Moun paouré pissacan,

Tu que pissaves tan,

Pisses sur tes cavillo.

Ben leou, Jesu Maria  

Mourra de sequamen.

Requiescat in pace. Amen.

La fontaine du boulevard d'Aguillon

Elle se nomme aussi Fontaine des Vétérans. Elle a été édifiée en 1786 à la suite de la réfection de l'aqueduc romain par Louis d'Aguillon, brigadier des armées du roi. Elle était associée à un lavoir construit à proximité, le lavoir des Casernes ainsi nommé car il se trouvait à proximité de la caserne Vial située dans la Courtine. Il fut détruit en 1929 lorsqu'on perça les remparts pour permettre un accès directe au port pour les voitures. Pour remercier M. d'Aguillon pour se travaux hautement bénéfiques pour la ville, une plaque fut apposée sur la fontaine de la Miséricorde (Vide infra) sur laquelle il était inscrit :  « Sous le règne de Louis XVI, la reconnaissance a élevé ce monument à M. d’Aguillon, brigadier des armées du roi, corps royal du génie, dont les soins et les talents ont rendu à cette ville les eaux qu’elle devait à la bienfaisance des romains par la découverte et le rétablissement de l’aqueduc qui les y portait. » Cette plaque fut détériorée en 1793, puis déplacée sur la fontaine du boulevard d'Aguillon.

CPA colorisée

Quatre têtes décorent la borne à goulot. S'agit-il des quatre saisons, des quatre directions ou autre ?

Fontaine de la Miséricorde ou du Puits-neuf.

On l'appelle encore Fontaine des Dauphins en raison des décors des busesl d'eau. Autrefois, la rue Georges Clemenceau s'appelait rue du Puits-Neuf, car l'emplacement actuel de la fontaine était occupé par un puits. Le nom de Miséricorde vient de la proximité de la fontaine avec la Chapelle des sœurs de la Miséricorde qui s’occupaient des malades de l’hôpital Saint-Jacques. Cette chapelle se trouvait à l’emplacement de l’actuelle salle de l’orangerie. La chapelle de la miséricorde, quant à elle, fut fondée par la confrérie des Pénitents noirs (voir Saint Bernardin). Elle fut vendue en 1796 dans le cadre de la vente des biens nationaux.

Le nom de Puits-Neuf fut improprement attribué à la fontaine qui fut installée en 1785 au bas de la rue en hommage à d’Aguillon (voir ce nom). On donna alors à cette fontaine le nom de Fontaine de l’aigle car elle était surmontée d’un globe supportant un aigle, rappelant les armes des d’Aguillon. Elle s’appela ensuite Fontaine des dauphins en raison du décor des bouches à eau.

CPA Levy fils et Cie

CPA Imprimerie E. Le Daley

Fontaine de la rue des Paveurs.

Il s'agit d'une fontaine bien discrète, presque oubliée, qui ne distribue plus d'eau depuis bien longtemps. Elle apparait assez massive , peu esthétique. Elle est formée d’une partie verticale adossée à une habitation, d’où sortent deux bouches à eau encadrant une figure sur laquelle est inscrite une date : 1833 et le mots Louis. La partie basse ressemble à une pierre à évier garnie de deux supports métalliques. Un pertuis laissait couler l’eau dans une rigole. 

La fontaine de la Tourraque

Elle est située à l'angle de la ruelle amenant au lavoir de la Tourraque. Elle est composée d'une partie verticale en pierre calcaire de laquelle sortent deux tuyaux d'eau qui s'écoulent dans un bassin en forme de vasque muni de deux supports métalliques. L'eau s'écoule par un pertuis situé sur le côté. L'édifice est surmonté d'un décor en forme de vasque.

La fontaine de l'Essor au Cap d'Antibes.

Le 8 avril 1899, le maire M. Robert Soleau annonça au conseil municipal qu’un généreux donateur voulant garder l’anonymat avait offert à la ville une statue en marbre blanc de 1,10 mètres de haut, destinée à être installée « à l’extérieur de la ville et (elle) surmontera une vasque en ciment, dans laquelle coulera une eau renouvelée et destinée à rafraîchir bêtes et gens. »
 C’est ainsi que le 31 mars 1902 fut installée au Cap, à l’angle du Boulevard Kennedy et de l’avenue Mrs L. D. Beaumont, au-dessus d’un ancien abreuvoir transformé en fontaine, une statue représentant un soldat américain dans un uniforme du XVIIIe siècle tenant le drapeau de l’indépendance. Peu après, le donateur anonyme fut connu. Il s’agissait d’un certain M. Dumont qui avait également fait don au musée de la ville d’un tableau représentant une vue de la forêt de Fontainebleau. Quant à la raison de ce don, on pense qu’il souhaitait glorifier l’amitié entre la France et les États-Unis symbolisée par la victoire de Yorktown remportée le 19 octobre 1781 par des troupes franco-américaines sur les Anglais, signant l’indépendance américaine. 
En 1919, un dénommé Monteux, industriel parisien, propriétaire de la « villa des Colonnes » voulu modifier à son bénéfice ce petit coin de fraicheur et de repos fort apprécié des promeneurs. Dans son projet, la statue devait disparaître. Le maire M. Baptistin Ardisson dut intervenir, et la transformation ne se fit pas. 
Cette statue, baptisée « L’essor », fut décapitée par des vandales en 1983. La municipalité fit enlever la statue pour lui éviter d’autres dégradations.
Cinq ans plus tard, l’association des commerçants et artisans du Vieil Antibes offrit de racheter la tête, anonymement, pour 10 000 F, par l’intermédiaire d’un vicaire, le père Larose, curé de la paroisse Saint Benoît. La demande resta sans effet, la tête ayant peut-être été détruite. La statue ne fut jamais remise à sa place et devrait se trouver dans les réserves d’un des musées de la ville. 

CPA Editions H.B. et Cie.

Le soldat avant et après décapitation. Photo Nice-Matin

La fontaine monumentale de la place Nationale

Après la défaite de Napoléon Ier à Waterloo le 18 juin 1815, la France subit une occupation. Antibes fut assiégée par les troupes autrichiennes qui voulaient l'occuper. Le traité de Paris signé le 20 novembre 1815 mit un terme aux hostilités. Le 20 mars 1816, le roi rendit une ordonnance reconnaissant le courage des antibois devant les austro-sardes et leur fidélité lors du débarquement de l’empereur. Le premier article mettait Antibes au rang des « bonnes villes » du royaume.

Le 31 mai 1818, fut posée en grandes pompes, la première pierre d’une colonne commémorative. La cérémonie fut présidée par le préfet du Var, M. Siméon, en présence de toutes les autorités locales. Cette première pierre, creusée d’une niche, reçut une boite en plomb contenant des pièces d’or et d’argent à l’effigie du roi Louis XVIII, des médailles, la liste des magistrats et des conseillers municipaux, celle des gardes nationaux en poste lors du blocus et enfin le procès verbal de la cérémonie signé par tous les officiels. Le 24 novembre 1819, M. Tourre, maire de la ville, fut élevé à la dignité de chevalier de la Légion d’honneur.
En 1883, M. Robert Soleau fit un don de 4.000 francs afin que la colonne reçut soit ornée en son pied par une grande fontaine. Celle -ci sera agrémentée, grâce à un nouveau don 500 francs offert par M. Robert Soleau, devenu maire en 1884. Le bassin sera détruit en 1963.

La colonne avant la construction de la fontaine. Photo du chanoine Rostan

Le plateau de la Garoupe

La Garoupe est un des symboles d’Antibes. Cette éminence qui s’avance en formant une presqu’île s’élève à 76 m d’altitude. Sa partie la plus élevée, dite Plateau de la Garoupe, porte un ensemble architectural de tout premier plan. On y trouve des bâtiments religieux : chapelle de Notre-Dame de la Garde, oratoire de Sainte Hélène, chemin et chapelle du Calvaire ; des bâtiments civils : le phare de la Garoupe, la table d’orientation ; des bâtiments militaires : le sémaphore.
Le nom de Garoupe, que l’on trouve sous la forme Garopa en 1334 dérive très probablement du radical pré-indo-européen gar- qui désigne un rocher, une hauteur où l’on édifiera plus tard un lieu de guet. 

Une légende affirme que Hélène, la mère de l'empereur Constantin revenant de Terre Sainte, se serait arrêtée à proximité et serait monté sur le plateau. Cela semble peu probable car, même si elle résidait à Rome, cela lui aurait fait faire un long détour risqué alors qu'elle ramenait les reliques de la Vraie croix. D'autres affirment que Saint-Louis lui-même aurait gravi le chemin qui montait au sommet de la Garoupe. Il est courant que des lieux exceptionnels comme celuièci excitent l'imaginaire et soient ainsi à l'origine de légendes.

On voit bien que cet endroit exceptionnel a toujours attiré l'imaginaire des Hommes. Deux voies permettent d'y accéder: la route goudronnée, créée en 1882 grâce à une souscription, et le chemin du Calvaire que l'on doit gravir à pieds à partir de la Salis en suivant les stations du Calvaire. La montée se fait alors au travers de la forêt où l'on trouve des chênes verts, quelques pins, des buissons de lentisques, d'arbousiers et de myrtes.

L'arrivée sur le plateau offre un paysage exceptionnel, dominant toute la côte méditerranéenne allant de l'Estérel aux sommets des Alpes Maritimes et jusqu'à l'Italie. Par beau temps, on peut même apercevoir au loin les montagnes de Corse.

Le panorama

Ce qui frappe lorsqu'on arrive sur le plateau, c'est la vision à 380° qui nous est offerte avec les Alpes-Maritimes parfois enneigées en arrière-plan, et allant des côtes italiennes jusqu'au cap Camarat dans le Var. Une table d'orientation permet d'en voir tous les détails. Cet endroit a toujours attiré les artistes. Écoutons Guy de Maupassant nous en parler: « J’étais assis sur le môle du petit port Obernon, près du hameau de la Salis, pour regarder Antibes au soleil couchant. Je n’avais jamais rien vu d’aussi surprenant et d’aussi beau.
    La petite ville, enfermée en ses lourdes murailles de guerre construites par M. de Vauban, s’avançait en pleine mer, au milieu de l’immense golfe de Nice. La haute vague du large venait se briser à son pied, l’entourant d’une fleur d’écume ; et on voyait, au-dessus des remparts, les maisons grimper les unes sur les autres jusqu’aux deux tours dressées dans le ciel comme les deux cornes d’un casque antique. Et ces deux tours se dessinaient sur la blancheur laiteuse des Alpes, sur l’énorme et lointaine muraille de neige qui barrait tout l’horizon. »
                                                                  Guy de Maupassant, Madame Parisse.

Cette image exceptionnelle datant des années 1885-90 prise de la Garoupe nous montre la ville encore ceinte de ses remparts. Au milieu de la photo, en bord de mer, une ferme aujourd'hui disparue, et dans le coin gauche un grand bâtiment, la ferme Notre-Dame. 

Le Sanctuaire

 Avant de pénétrer dans le sanctuaire, on remarque une construction apposée contre celui-ci, s'ouvrant par trois voûtes. C'est l'abri des Pèlerins qui ne donne pas un accès direct au sanctuaire. A gauche du sanctuaire, une petite terrasse dont le plan est curieusement arrondi et supporte un puits. C'est un des lieux favoris pour les photos de mariage. Remarquons sur le mur de droite, à mi-hauteur, un boulet enchâssé dans la façade, souvenir du bombardement que la ville eut à subir lors du siège de 1746. Derrière un oratoire fermé par une grille: c'est l'oratoire de sainte-Hélène. A droite de l'abri des Pélerins, se trouve l'entrée de la chapelle fermée par une magnifique grille en fer forgé. Et encore sur la droite, un bâtiment allongé avec un balcon. C'est l'ancien monastère dont l'accès se faisait par une porte voûtée surmontée d'une bretèche qui permettait de surveiller les arrivants.

La chapelle est de style roman provençal. Les voutes sont en arc simple.Il est composé de deux parties : la grande nef et la belle statue couverte d'or. La petite nef est consacrée à Notre-Dame de Bon-Port qui est la patronne des marins d'Antibes. Elle tient dans sa main un bateau à trois-mats. 

La nef principale est décorée d'une grande fresque peinte par Jacques-Henri Clergues. Elle représente deux épisodes historiques de l'histoire religieuse antiboise : à gauche, l’escale du pape Grégoire XI à Antibes en 1376 et à droite, le don de René de Savoie pour l’agrandissement de la chapelle en 1520.

La nef de Notre-Dame de Bon-Port est, elle aussi, décorée d'une fresque en deux parties, encadrant la statue de Notre-Dame de Bon-Port. Cette fresque a été réalisées par Édouard Collin en 1948.

Dans le sanctuaire se trouve une remarquable collection d’ex-voto déposés là depuis de siècles. Les p)lus anciens datent du XVIIe siècle. Certains sont de véritables œuvres d'art, d'autres de simples témoignages naïf d'une foi profonde.

Le boulet de 1746.

Bénitier

Ex-voto naïf daté du 13 avril 1819

Les Barbaresques. Le plus ancienex-voto. Il serait du XVe siècle. Il donne une vue de la ville quelque peu exagérée.

Le bagnard. L'un des ex-voto les plus célèbre daté de 1813.

Le Phare

Il domine le plateau de ses presque 30 mètres. La plateforme peut être atteinte après avoir grimpé 114 marches. Il a été édifié en 1837. A l'origine, il était rond comme la plupart des phares. Il fut détruit, dynamité par les troupes d'occupation allemandes le 23 août 1944, puis reconstruit en 1948 avec une structure carrée, afin de rappeler les deux tours dites "sarrazines" de la vieille ville antiboise. Il a été automatisé en 1997. 

Le Phare dans les années 50 (Cliché Rostan et Munier).

Le Phare en 1873.

Le Phare détruit le 23 août 1944. Archives municipales Antibes

Le Sémaphore.

Il s'agit, au départ, d'un moyen de communication par signaux optiques. Le sémaphore, inventé par les frères Chappe en 1793, permettait d'envoyer sur de grandes distances et à une vitesse incroyable pour l'époque (1380 km/h), des messages simples. Il s'agissait d'un réseau de tours équipées à leur sommet de bras mobiles en bois qui prenait diverses positions donnant chaque fois une lettre de l'alphabet.

Le sémaphore d'Antibes a été mis en service en 1863 avec un mat du type "Dupillon". Gêné par la présence du phare, les autorités maritimes obtinrent en 1892 l'autorisation de la municipalité antiboise d'installer dans le bâtiment de l'Ermitage un poste de veille et un sémaphore annexe. Il sera par la suite réaménagé à plusieurs reprises. Une tour métallique de 35 m de haut sera installée pour regrouper diverses antennes-relais.

Le sémaphore et la chapelle du Calvaire en 1910 (ND Phot)

Le Petit Sémaphore en 1910 (ND Phot).

Le phare et le Sémaphore (Rostan et Munier).

La chapelle du Calvaire.

Elle est l'aboutissement logique du chemin du Calvaire qui monte depuis le petit port de la Salis jusqu'au plateau de la Garoupe. Le long de ce chemin sont positionnées les stations du Calvaire au nombre de quatorze, datant du XVIIIe siècle. Treize de ces stations sont sur le bord du chemin. La quatorzième se trouve devant la chapelle du Calvaire. Pierre Magherini précise dans son livre que les stations ont été construites du mauvais côté du chemin car elles montrent Jésus tournant le dos à la montée.

La chapelle a été édifiée en 1652 par les sœurs Bernardines qui possédaient un couvent dans la ville, à l'emplacement de la caserne Gazan. Cette chapelle fut érigée en remerciement pour la fin de l'épidémie de peste. Elle est dédiée à "Notre-dame des sept douleurs. 

Au-dessus de la porte, une piéta, attaquée par les années passées dans les intempéries et par le soleil. Devant la chapelle, un olivier planté par Mme Jacqueline Picasso.

Laissée à l'abandon pendant nombre d'années, elle fut louée à un sculpteur, M. François Cogné (1876-1952), qui fut sculpteur officiel de l’État français. Plus tard, c'est l'artiste Gianangelli qui en fit son atelier. C'est lui qui réalisa l'horloge monumentale de la place des Cars à Antibes. La chapelle a été récupéré par la ville qui l'utilise comme salle d'exposition.

La chapelle du Calvaire en 1929

L'intérieur très sobre de la chapelle (Cie alsacienne des arts photomécaniques).

Gianangelli dans son atelier. Collection privée.

La chapelle du Calvaire et l'atelier Cogné. Au 1er plan, l'olivier de Jacqueline Picasso.

La Piéta du Calvaire.

La fête de Notre-Dame de Bon-Port.

Il est une tradition antiboise  très ancienne et toujours respectées, ce sont les fêtes de Notre-Dame de Bon-Port. Il s'agit d'une fête organisée par la corporation des marins d'Antibes,destinée à honorer la vierge et la remercier pour sa protection. Elle tire son origine dans un évènement "miraculeux" qui se passe lors de l'épidémie de peste qui décima la Provence au cours du XVIe siècle. Les Antibois avaient appris que les Marseillais avaient chassé l'épidémie de leur ville en descendant, en procession, la Bonne Mère de son église jusqu'en ville, ils décidèrent de faire de même, et , parait-il, ça aurait marché : l'épidémie disparut, et la tradition fut instaurée.

La fête se déroule en deux temps. Elle débute le jeudi précédant le 1er dimanche de juillet. La statue de la vierge qui se trouve dans la chapelle de la Garoupe, est parée de ses plus beaux atours. Puis après la messe, elle est descendue en procession par le chemin du Calvaire, portée par quelques marins qui s'infligent l'obligation de marcher pieds-nus. Au long de ce trajet, sont installés des reposoirs décorés où de jeunes Antiboises vont déclamer des compliments à la Vierge. Puis la statue arrive à la cathédrale où elle va rester jusqu'au dimanche. Le samedi soir, la tradition veut que l'on brule une vieille barque mais celle-ci se faisant de plus en plus rare, c'est un feu de joie qui est allumé. Le dimanche matin, c'est la messe en la cathédrale, puis la vierge est remontée dans sa chapelle, toujours portée par les marins pieds-nus, allant de reposoir en reposoir jusqu'à ce qu'elle repose à nouveau à son poste de guet, dans la chapelle de la Garoupe.

Procession de la fête de Notre-Dame de Bon-Port dans les années 1950. Au centre, le chanoine Borozée (mon prof de latin). Photo sur le site de la Corporation des Marins d'Antibes.

Compliment à la Vierge en 1963.

Procession de la fête de Notre-Dame de Bon-Port dans les années 1930. Photo sur le site de la Corporation des Marins d'Antibes

Arrivée sur le plateau. Photo Biondo.

La journée se terminait par un pique-nique. Photo Biondo.

Les Fidèles se réunissent devant le porche des Pélerins. Photo Biondo colorisée.