Antibes historique

Le Phare de la Garoupe et le Sémaphore.

On ne peut dissocier la ville d'Antibes et ses remparts et ce lieu exceptionnel qu'est le plateau de la Garoupe dominé par son phare. Ce lieu a toujours été attrayant. Il est facile d'imaginer que les anciens peuples qui occupait ce littoral et son arrière-pays, aient apporté un intérêt tout particulier à ce promontoire dominant le paysage de ses 78 m d'altitude. En atteste l'origine de son nom Garoupe qui vient selon toute vraisemblance d'un radical très ancien, omniprésent dans la toponymie provençale, Gar-. Ce radical pré-indo-européen désigne toujours un rocher, une hauteur, et indique pratiquement toujours un lieu où a été installé un guet. Il est d'ailleurs à l'origine de mots comme Garde, Gardiole.

Dès le XIVe siècle il est signalé à cet endroit une tour de vigie construite en bois, puis en dur vers 1560. Il y aurait, parait-il, des traces des fondations de cette tour, dans la petite nef de la chapelle, au pied de l'escalier. Malheureusement, cette tour, probablement mal entretenue, fut renversée lors d'un séisme assorti d'une tempête le 27 mai 1756.

Près de deux siècles plus tard, les Affaires Maritimes décidèrent l'installation d'un phare sur les restes de cette tour. M. Augustin Fresnel (1788-1827) refusa en raison du mauvais état de l'édifice et conseilla la construction d'une nouvelle tour. Le nouveau phare fut inauguré le 1er juillet 1837. Il se présentait sous la forme d'une tour ronde, de couleur blanche, d'une hauteur de 25 m, dominant la mer de 103 mètres. Il pouvait être aperçu par beau temps, jusqu'à une distance de 7 lieues marines. La lumière était produite par le feu simultané de quatre mèches alimentées par un réservoir de pétrole et magnifié par un prisme taillé de mille biseaux. On accédait à la lanterne par un escalier de 112 marches.

Le nouveau Phare en 1873.

Ce bel édifice fut dynamité par les Allemands le 23 août 1944 en même temps que les installations du port d'Antibes. Il fallut donc construire un  nouveau phare, ce qui fut fait en 1948. Mais on décida de le moderniser. Il prit la forme d'une tour carrée afin de rappeler les Tours Sarrazines de la vieille ville. Il garda sa robe blanche de pierres calcaires venant des carrières de la Turbie. On a d'ailleurs réutilisé certaines pierres de l'ancien phare, notamment dans le mur de clôture du jardin. Il prit un peu de hauteur puisqu'il atteint 29 mètres et 48 centimètres. Il a été installé au milieu d'un petit jardin qui s'ouvre par un beau portail en fer forgé.

Restes du Phare dynamité par les Allemands le 23 août 1944.

Pierre de l'ancien phare réemployée.

Plan du phare à construire à la Garoupe. Archives Nationales.

Dans le jardin se trouvent deux locaux d'habitation. On entre dans le phare par une belle porte en bois voûtée Qui donne accès à un vestibule dans lequel trônent deux bustes: Augustin Fresnel (1788-1827), ingénieur et physicien français, fondateur de l'optique moderne; Charles-François Beautemps-Beaupré (1766-1854), ingénieur hydrographe et cartographe, est considéré comme étant le père de l'hydrographie moderne. Au-dessus de la porte donnant accès à l'escalier, il y a une plaque qui donne quelques dates essentielles de l'histoire du phare. On a d'ici accès a gauche au bureau de la direction et à droite à une cuisine avec réfectoire. On atteint ensuite l'escalier qui permet de monter jusqu'à la plateforme sommitale où est installé le système optique. Au pied de cet escalier se trouve une pièce où a été entreposé l'ancien mécanisme.

Il ne reste plus qu'à grimper le 114 marches de l'escalier en colimaçon pour atteindre la plateforme qui va donner une vue des plus belles de la Côte d'Azur.

Le phare a été électrifié en 1933 et est automatisé depuis 1997.

 

Quelques détails techniques : Le feu est de deux éclats blancs toutes les dix secondes. Il est produit par une optique de 70 cm de focale. Il est muni d'une lampe halogène de 400 W.

Le Phare aujourd'hui.

Le Sémaphore.

Il s'agit, au départ, d'un moyen de communication par signaux optiques. Le sémaphore (de sēma, signe, et pherein, porter), inventé par les frères Chappe en 1793, permettait d'envoyer sur de grandes distances et à une vitesse incroyable pour l'époque (1380 km/h), des messages simples. Il s'agissait d'un réseau de tours équipées à leur sommet de bras mobiles en bois qui prenait diverses positions donnant chaque fois une lettre de l'alphabet.

Le sémaphore d'Antibes a été construit entre 1861 et 1863, et mis en service en 1863 avec un mat du type "Depillon", c'est à dire composé d'un mat de 12 mètres comportant 4 bras articulés pouvant prendre chacun sept positions, ce qui donne 2401 combinaisons dont 1819 utilisables. Gêné par la présence du phare qui masque une partie de la baie de Golfe-Juan et les îles de Lérins, les autorités maritimes obtinrent en 1892 l'autorisation de la municipalité antiboise d'utiliser l'étage du bâtiment de l'Ermitage pour y installer un poste de veille et un sémaphore annexe. Il sera par la suite réaménagé à plusieurs reprises : agrandi en 1894, démontage du mat de type Depillon, construction d'une tour sur la terrasse, désarmé en 1945, réarmé en 1965. En 1981 la passerelle est surélevée et entièrement vitrée pour favoriser le travail du guetteur. Le sémaphore est doté en 1982 d'un radar type Decca 1226. En 1990, la Marine nationale restitue le sémaphore annexe de l'Ermitage à la commune d'Antibes. En 2000, une tour métallique de 35 m de haut sera installée par TDF pour regrouper diverses antennes-relais.

Sa zone de responsabilité s'étend du Cap Roux (Esterel) jusqu'à l'aéroport de Nice Côte d'Azur.

L'ensemble se compose d'un bâtiment rectangulaire constitué d'un rez-de-chaussée comprenant deux appartements de trois pièces à usage d'habitation (chef de poste et adjoint) et au-dessus, un niveau à usage de combles. Ceci est complété par une tour circulaire de 15 mètres de haut sur 3 niveaux comportant deux pièces circulaires et un toit-terrasse. En 1981, la passerelle sera entièrement vitrée pour faciliter le travail du guetteur. En 1990, on a construit une nouvelle habitation pour le chef de poste qui bénéficie ainsi d'un logement en villa. L'adjoint profite des deux anciens logements.

Soixante-quinze ans séparent ces deux photos !