Antibes historique
A Antibes, il y a le château d'Antibes, celui qui domine la vieille ville qui fut la demeure des seigneurs d'Antibes, la famille Grimaldi. Et puis, il y a les châteaux des campagnes, qui sont le plus souvent de grandes bastides bourgeoises dont l'aspect est laissé à l'imagination de leurs propriétaires successifs. Certains prennent vraiment des aspects de "châteaux", mais d'autres se contentent d'exposer leur masse majestueuse.
Cette grande demeure antiboise bâtie sur les collines qui dominent la ville à proximité de la Badine recèle en effet une part de mystère. Son histoire est peu connue. Sur l’un des murs extérieurs, on peut lire une date ambiguë : MDCCCLIXI. Est-ce 1859 ou 1871 ?
Il s’agissait, au départ, d’une simple bastide, entourée de vignes, déjà présente sur le cadastre de 1813, construite non loin de la grande route de Cannes. Cette bastide appartenait alors au Colonel Jérome-Louis Lendy, chevalier de l'Empire, né le 2 novembre 1764 à Paris, héros des guerres de la Révolution et de l'Empire comme il y en avait beaucoup alors. Il fut blessé d'une balle à la jambe le 3 octobre 1793 lors de l'attaque du camp du Boulou. Le 3 mai 1809, il fut atteint de quatre coups de feu lors des combats d'Ebelsberg (Autriche). L'un d'eux lui fracassa la cheville gauche le rendant invalide à vie. Il arriva à Antibes comme commandant d'arme du 6 décembre 1813 au 7 novembre 1814. Il fut ensuite nommé à l'île d'Oléron, mais ne put rejoindre son poste en raison de ses blessures et se fixa à Antibes en attendant sa mise à la retraite (il avait 50 ans). Il se maria le 22 juin 1814 à Antibes avec Marie-Élisabeth Ferron, veuve de Lombard Jean-Joseph et vécu dans sa bastide de la Badine. Il mourut à Antibes le 27 juin 1824 et son épouse le 15 mars 1864. Leur fille Louise-Clémentine née le 8 mai 1819 à Antibes se maria le 28 avril 1845 avec M. Latreilhe Alexis-Roch, né le 29 septembre 1802 à Puylaroque (Tarn-et-Garonne), qui donna son nom à la bastide Il sera fait chevalier de la Légion d'Honneur en 1847. Leur fille Justine-Marie épousa le 17 août 1870 Pierre Civatte né en 1847. Elle avait hérité de la maison de ses parents que J.-B. Meiffret en 1877 décrivait en ces termes : « C’est une maison d’habitation avec un jardin devant. Des caroubiers et des noisetiers modèrent par leur ombrage les chaleurs de l’été. Quoique cette maison soit située à mi-côte de la Badine, la vue dont on y jouit ne manque pas d’étendue. »
En 1892, la propriété appartint à un niçois, M. François Tiranty, qui y fit d’importants travaux. Dans les années 1920 elle devint la propriété d’un exilé italien, le prince Luigi Maria Colonna descendant de la branche de Stigliano, né le 17 décembre 1844 à Caserta (Italie), qui avait épousé en troisièmes noces Louise Raguet, mariage célébré à Nice le 8 septembre 1909. C'est lui qui aurait fait transformer la bastide en château de style italien.
Le prince Colonna était issu d’une puissante famille romaine dont le nom, pourrait venir d’un ancêtre qui aurait ramené à Rome une partie de la colonne à laquelle aurait été lié Jésus lors de la flagellation. La famille Colonna a donné un pape, Odo Colonna, qui fut élu le 11 novembre 1417 sous le nom de Martin V. Marcantonio Colonna commandait la flotte papale lors de la bataille de Lépante en 1571. On trouve également des cardinaux, des diplomates, des politiques, une poétesse, Vittoria Colonna (1490-1547). A l'époque, le domaine occupait 3,7 ha couvertes de 7000 pieds de vigne, cent oliviers et trente figuiers. Le prince Luigi-Maria Colonna mourut le 2 mai 1933 à Pegli (Italie).
Le château fut vendu en 1930 pour un million six-cent mille francs à Mademoiselle Renard. Puis le château appartint à un M. Salmon. En 1946, c’est un artiste, le peintre italien Léon-Jean Giordano di Palma (né à Marseille en 1886) qui l’acheta avec projet d’en faire don à la ville après l’avoir aménagé en musée dédié à ses œuvres. Le projet prévoyait un aménagement d'une partie du rez-de-chaussée en musée de la peinture accueillant des tableaux issus des œuvres de M. di Palma. Il ferai une donation en faveur de la ville sous réserve d''usufruit tout en instituant la ville comme légataire universel. Giordano di Palma, peintre orientaliste, qui avait été nommé peintre officiel du ministère des colonies, souhaitait que, par la suite, ce château devienne un musée (municipal) des Beaux-arts. La donation fut faite en présence de maître Charles Guillaumont, qui était alors maire d’Antibes, et du bâtonnier Jean Pastour, ancien maire. L’artiste fit un testament qui fut déposé en l’étude de maître Gallais. Mais le projet n’aboutit pas. En 1955, le propriétaire fit lotir le parc. Le château fut plus tard transformé en home d’enfant par M. et Mme Amiel, puis acheté par M. Fernand Amar qui le loua pour que s’y installe une école de langues avant d’être acheté par un particulier. Le château constitué de 14 pièces pour une surface de 400 m² est actuellement la propriété d’un Russe. Il aurait été mis en vente pour la modique somme de 25 000 000 d'euro.
Comment cette bastide de la campagne antiboise est-elle devenue un château de style rococo ? Qui a été le maître d’œuvre de ces transformations. Le mystère demeure encore aujourd’hui.
Annonce parue dans "Le petit niçois" le 16 avril 1929.
Oeuvres de Léon-Jean Giordano di Palma.
Sur cette vue aérienne des années 30, le château Laval est au centre. Tout en bas, l'avenue Bel-Air, au-dessus, le chemin de Provence qui rejoint la Badine et se poursuit par l'avenue Paul Bourget qui semble destinée à rejoindre le vieux chemin de la Colle, mais n'aboutira jamais.
Une première bâtisse aurait été construite à cet endroit en 1865, sur un parc de 35 000 m², par M. Henri Honoré Machemin (né le 22 mars 1833 à Sisteron – Décédé le 27 février 1903 à Nice), avoué près le tribunal de Toulon. Le Château de l’Espée quant à lui fut construit en 1872 à la demande de Marie de Gargan (1828-1892). Elle était la fille du Baron Théodore Charles Joseph de Gargan du Chastel (1791-1853), maître de forges à Hayange (Moselle) et de Marguerite-Joséphine de Wendel (1804-1851).
Dans le Guide d’Antibes et de ses campagnes, paru en 1877, J.-B. Meiffret le décrit en ces termes : « Du milieu d’un bois d’oliviers aux branchages touffus, s’élève la villa de l’Espée dont les pignons et les tourelles se détachent finement à l’horizon. Cette construction d’une architecture capricieuse, gracieuse en même temps, imite comme silhouette le style Louis XIII. Des fleurs et une terrasse à balustrade concourent à rendre ce séjour encore plus délicieux. »
Mariée au baron Edouard de l’Espée (24 octobre 1820 – 13 juillet 1855), elle avait deux enfants lorsqu’elle se trouva brutalement veuve alors qu’elle était enceinte de leur troisième enfant. Ce choc, survenant peu de temps après le décès de son père, précipita l’accouchement qui se produisit deux jours après le décès de son époux. L’enfant fut prénommé Édouard, en souvenir du mari défunt.
Voulant s’installer au soleil, elle quitta l’hôtel de Gargan à Metz en 1872 pour venir s’installer à Antibes où elle acheta un terrain dans le quartier du Puy afin d’y faire bâtir sa résidence. C’est elle qui choisit l’architecte en la personne de M. Vianney, en raison de sa parenté avec le saint curé d’Ars. Elle fit placer, dans un angle de la maison, un oratoire, dont la bénédiction par le curé d’Antibes en 1892 marqua la fin du chantier. Leur fils aîné, Albert hérita du château à la mort de sa mère et le garda jusqu’à la fin de ses jours.
J'ai détaillé ce personnage riche et fantasque dans la partie "Personnages historiques".
Le château de l'Espée.
Nice Matin 20.09.1987. Photo Maurice Bernaudon.
Famille de l'Espée
Famille de Gargan
Albert de l'Espée
A l'origine, le château était entouré d’un parc de 3 ha où croissaient les essences rares, parmi lesquelles 9 espèces de palmiers et un cyprès géant.
A la mort d’Albert de l’Espée, son fils René hérita du château. Il mena une vie de futilité, fréquentant les champs de courses hippiques, passant sa vie à voyager. Habitué des salons, il aimait recevoir des midinettes qu’il entretenait ou bien des artistes en recherche de mécène. Il transforma les salons du château en salle d’exposition. Il appréciait particulièrement les frères Giacometti, Picasso et aimait partager sa passion avec Romuald Dor de la Souchère.
René de l’Espée vendit le château en 1921 à M. Pol-Roger, négociant en champagne. Il mourut peu de temps après, le 12 janvier 1924, à la suite d’un accident de voiture, alors qu’il vivait à Cannes dans l’une de ses résidences, la « villa Otrada ». Le château sombra quelque peu dans l’oubli, n’étant occupé que rarement.
Pendant la seconde guerre mondiale, le château fut réquisitionné par la kommandantur locale, camouflé par de la peinture verte, afin de le fondre dans l’environnement naturel. Il y aurait des inscriptions rappelant le passage des occupants allemands dans les caves.
Après la guerre, il fut acheté par la société de promotion immobilière de Maurice Cauvi qui édifia des immeubles au nom évocateur (Chambord, Chenonceaux). En 1975, le château et son parc restant d’une hectare et demi furent vendus à des particuliers avec création d’une copropriété. Des travaux furent nécessaires, mais l’aspect général fut conservé. Il fait maintenant partie du patrimoine historique antibois.
Antibes vue des jardins du château de l'Espée
Dépliant présentant les nouvelles résidences du château de l'Espée
Le château de l'Espée. Capture d'écran de google earth.
Le fond du port d'Antibes. A droite, au bord de l'eau, la petite chapelle Saint-Roch. On peut voir le château de l'Espée qui se détache sur la colline du Puy.
Le Château Salé est l’une des plus anciennes et des plus renommées demeure antiboise. Le bâtiment actuel date du XVIIIe siècle, mais l’histoire de ce lieu est beaucoup plus ancienne.
Une charte de Lérins datée du 10 avril 1022, notifiée par Durbec, signale à cet emplacement, une bâtisse nommée Casale Anticum de Saleta.
La légende la plus répandue veut que le nom de cette vieille demeure antiboise soit lié au commerce du sel, élément essentiel pour la conservation des aliments et notamment du poisson. Antibes possédait l’un des 15 greniers à sel que comptaient les États de Provence à la fin du XVIIe siècle. Ces greniers à sel jouaient à la fois le rôle d’entrepôts pour le stockage et la vente du sel et de tribunaux destinés à juger les litiges liés au paiement de la gabelle. Chaque grenier comprenait un président, un grènetier, un contrôleur, un procureur du roi et un greffier.
Pierre Cosson développe une théorie liée à ce commerce en rappelant que l’ancienne via Julia, qu’il situe à l’actuelle avenue Philippe Rochat (voir ce nom), était une voie importante sur la route du sel. Il définit le vieux chemin de Saint-Jean comme étant un ancien chemin saunier. Le Château aurait ainsi été construit sur les ruines d’un ancien établissement dédié au commerce du sel.
On a souvent dit que le Château Salé aurait été occupé par un fermier général de la gabelle, l’impôt sur le sel. Il s’agit probablement d’Antoine Monneron (1703-1791), originaire d’Ampurany (Ardèche), qui fut contrôleur général des fermes du roi à Antibes en 1734. Il épousa Barbe Arnault le 3 février 1733 à Annonay et eut vingt enfants dont huit moururent en bas-âge. Deux de ses enfants naquirent à Antibes : Charles-Claude-Ange, né le 15 avril 1735 qui fut intendant de la Compagnie française des Indes orientales puis député d’Annonay (Ardèche) où il mourut en 1799, et Antoine-Joseph né le 8 mai 1736 qui fut négociant et mourut à Santiago de Cuba en 1815. Son fils suivant, Jean-Antoine, étant né le 7 juin 1737 à Tain l’Hermitage, on peut donc supposer qu’il quitta Antibes en 1736 ou 1737. Mais cette théorie, aussi séduisante qu’elle soit et s’appuyant sur l’importance du commerce du sel au XVIIe siècle, n’est peut-être pas aussi évidente. On peut lui opposer qu’il existe un accord sur le caractère oronymique de la racine Sal- ou Sar- que l’on retrouve très fréquemment dans des noms qui désignent toujours une position élevée et qui n’ont rien à voir avec le sel comme par exemple le quartier des salines à Monaco, ou encore Notre-Dame de la Salette en Isère. Rappelons qu’en italien, salire veut dire monter. En ancien français, le mot sal, qui est à l’origine du mot salle, représente une maison contenant une seule pièce. On peut donc imaginer que là se trouvait une importante maison située sur les flancs d’une éminence, la hauteur Sala, qui existe toujours et supporte les immeubles du Roi Soleil. Elle n’est plus guère visible en raison du développement urbain mais à l’époque devait paraître assez importante vue de la ville.
Le château et son domaine qui s’étendait jusqu’à la Croix-Rouge ont appartenu à la famille Serrat pendant près d’un siècle et demi.
En 1739, Élisabeth de France, fille de Louis XV, et son époux, Don Félipe, Infant d’Espagne, y séjournèrent lors de leur « voyage de noces ». En mars 1794, le général Bonaparte, qui venait de prendre une part essentielle à la prise de Toulon, installa sa famille au Château Salé. Ce séjour de quelques mois fut, selon les dires de sa sœur Pauline, un des plus heureux moments de leur vie. Elle revint par la suite revoir ce château en une sorte de pèlerinage.
C’est à partir des terrasses du château Salé que le peintre Joseph Vernet aurait réalisé son tableau Le Port d’Antibes qui est actuellement au musée de la marine et dont on connait plusieurs versions.
Ce château fut ensuite acheté par le général comte André-Charles-Victor Reille, fils du maréchal et petit-fils de Masséna, qui embellit le château tant intérieurement qu’extérieurement. Il devint ensuite la propriété de la famille Boula de Mareuil (voir ce nom). En 1953, la dernière propriétaire connue, la comtesse Boula de Mareuil, ne pouvant plus faire face au frais d’entretien, décida de vendre le château à la ville qui l’utilisa pour y loger des employés municipaux et installa dans le parc la pépinière municipale.
Le général baron Reille dans les jardins du château Salé. Photo Archives municipales
Une occasion ratée !
En novembre 1834 s’arrêta devant la grille du Château Salé, un personnage qui allait révolutionner la région. Il s’agissait de Lord Henry Peter Brougham , né le 17 septembre 1778 à Edimbourg, âgé alors de cinquante-six ans, membre de la Chambre des Lords, dignitaire franc-maçon, qui venait de démissionner du poste de chancelier du gouvernement de lord Grey. Voulant se rendre à Nice pour y passer l’hiver avec sa fille malade, il avait été refoulé par les douaniers sardes alors qu’il s’apprêtait à franchir le Var, en raison d’un risque épidémique. Le comte Hilarion de Cessole, Président de la Cour de justice du sénat de Nice avait alors ordonné des mesures draconiennes envers tout ce qui venait de Provence, afin de protéger le pays niçois de l’épidémie de choléra qui sévissait en Europe.
Lord Brougham cherchant un lieu de villégiature, s’arrêta à Antibes et on lui indiqua le château. Il se rendit sur les lieux et en fit appeler le propriétaire, M. Baliste (ou Balestre) qui avait acheté le château en 1792. Ce dernier se montra tellement exigeant quant au montant du loyer que Lord Brougham fit demi-tour et partit à Cannes pour passer la nuit. Le lendemain, il retourna au Château Salé non plus pour le louer, mais pour l’acheter. Il tomba d’accord sur le prix avec le propriétaire, mais ce furent les antibois qui protestèrent, ne voulant livrer la maison qui avait abrité le séjour de Napoléon Bonaparte, à un anglais. Lord Brougham, dépité, retourna donc à Cannes où il fit construire en 1835 le château Éléonore. Il y resta trente ans et y mourut le 7 mai 1868, après avoir provoqué la transformation de ce petit port de pêcheur de 4 000 âmes en station de tourisme d’hiver.
Lord Brougham and Vaulx
Au départ, il y avait une tour curieusement octogonale, perdue au milieu des pins et de la végétation de ce bord de mer antibois. Cette tour serait datée, parait-il, du XIIIe siècle. Certain y aurait même vu un lien avec les templiers qui seraient à l’origine de telles tours. En fait, les Romains construisaient des tours octogonales comme celle de porta Aurea du palais de Dioclétien à Split (Croatie). D’autre part, il existe partout en Europe de l’ouest, des tours octogonales que l’on dit inspirées par les tours de Constantinople dont l’image aurait été rapportée par les chevaliers croisés telle celle que l’on a mis à jour lors de fouilles réalisées au château de Neubourg en Allemagne datée du Xie siècle. Plus récemment on trouve de telles tours à la basilique de Fourvière à Lyon qui date de la fin du XIXe siècle, ou celle érigée à la cathédrale de Strasbourg par Gustave Klotz en 1878 en remplacement d’une tour détruite en 1870 par les Allemands.
La tour de la Pinède devait être plus modeste au départ et jouer le rôle de tour de surveillance comme la tour du Graillon au Cap d’Antibes. Il est donc probable que la tour originale était carrée ou ronde, puis a été détruite et remplacée plus tard par la tour actuelle. Elle aurait été remaniée et surélevée par la suite sous François 1er, ce qui explique les trèfles en ronde bosse présents à mi-hauteur. La superstructure dentelée a été ajoutée par M. Sutherland propriétaire des bâtiments en 1890. Un escalier donne accès à la terrasse supérieure d’où on a une vue à 360°.
Cet endroit agréable faisait partie de l’héritage de Blanche Giraud, l’épouse de Charles Félix Emond d’Esclevin qui décida d’en faire un lieu de villégiature. Il fit construire en s’appuyant sur la tour, un château de style Louis XV avec un style « à l’italienne ». Les bâtiments occupaient le fond d’un terrain s’étendant sur 34 hectares et allant jusqu’à la mer. Sur une partie du terrain il fit planter des arbustes, des orangers, oliviers et un verger.
Charles-Félix Emond d’Esclevin est né à Antibes le 7 octobre 1762. Il est le fils de Michel-Joseph Emond d’Esclevin, né à Guise (Ardennes) le 20 septembre 1734, maire de la ville de 1793 à 1794 (il est décédé en fonction) et de Bartholomée du Boyer de Choisy, également née à Antibes le 16 avril 1732. Il fit une carrière militaire qu’il finit comme commissaire de guerre. Il commanda la garde nationale d’Antibes où il mourut le 8 février 1842. A son décès, c’est son fils, Jean-Baptiste Félix, écuyer, né à Antibes le 4 février 1797, qui en hérita. Il vendit ensuite la propriété à son gendre Antoine « Fortuné » Agard (1807-1859), époux de sa fille Alexandrine Thérèse née le 10 janvier 1830 à Antibes, décédée le 24 mars 1883 à Antibes.
Le château appartint à la famille Emond d’Esclevin jusqu’en 1888, date à laquelle il fut loué puis acheté par un anglais, lord Stanley Sutherland. En 1901, le château fut acheté aux enchères par M. Pierre Paul Hippolyte Pélagaud qui le transmis à sa descendance.
Le château subit lui-même de nombreuses transformations. Une partie, la plus ancienne, est de style Louis XV ; la partie gauche est Charles X ; d’autres partie sont dues à l’imagination de M. Sutherland. Le terrain s’est réduit à deux hectares. Sur une partie s’est édifiée la « Résidence Le Château de la Pinède ». La chapelle est devenue l’église Notre-Dame de la Pinède ; un parc a été créé.
Le château de la Pinède et sa tour. Nice-Matin du 30 août 1987. Photo Maurice Bernaudon.
Château de la Pinède. La façade en 1900. Archives municipales, 23Fi16
Le château reçut des visiteurs célèbres tel que Claude Monet qui séjourna à Antibes de janvier à mai 1888. Il écrivit : "Je peins la ville d'Antibes, une petite ville fortifiée, toute dorée par le soleil, se détachant sur de belles montagnes bleues et roses et la chaîne des Alpes éternellement couverte de neige." Il rapporta de son séjour antibois une série de 36 toiles parmi lesquelles plusieurs vues d'Antibes. Pour les spécialistes, il ne s'agit pas des meilleures de ses œuvres, la critique fut d'ailleurs assez dure, mais la douceur des tons plut, le côté paradisiaque des paysages fut apprécié et l'exposition des toiles antiboises fut un succès.
Jean-Louis Ernets Meissonier, Guy de Maupassant, Charly Chaplin, Mistinguette, Rudolph Valentino en furent également les hôtes du château.
Château de la Pinède. La tour. Archives municipales 23Fi16.
Antibes vue du plateau de Notre-dame par Claude Monet en 1888. Museum of Fine Arts, Boston.