René LAPORTRE

René LAPORTE, poète et romancier proche des surréalistes, est né à Toulouse en 1905. Il affectionnait particulièrement le vieil Antibes, où il s’était installé avec son épouse dans une maison s’ouvrant à la fois sur la place du Barri (voir ce nom) et sur les remparts. Cette maison avait été achetée par Louis Courret, un musicien ami de M. Gaston Doumergue , qui y recevait fréquemment des amis. Parmi ceux-ci, M. et Mme Lamon, les parents de Mme Renée Laporte, qui ayant eu le coup de foudre pour la bâtisse, l’achetèrent en 1924. Au décès de M. Lamon, en 1942, les Laporte s’y installèrent et y ouvrirent une galerie de peinture.
René Laporte avait fondé en 1924 une revue intitulée Les Cahiers libres qui fut à l’origine de la maison d’édition qui porte ce nom et qu’il dirigea jusqu’en 1934. Il publia de nombreux auteurs contemporains qu’il appréciait particulièrement : Cocteau, Max Jacob, Jean Giraudoux, Paul Éluard, André Breton et bien d’autres. En 1936, il obtint le prix Interallié pour son livre les Chasses de novembre ; et en 1951, il reçut le prix des Ambassadeurs pour sa trilogie, Les Membres de la famille.
De 1937 à 1940, il fut chef du service de presse du gouvernement du résident de Tunisie.
Pendant les années d’occupation qu’il passa avec son épouse à Antibes, il reçut le gotha du monde des arts : Audiberti avant tout, qui venait en voisin dans ce qu’il appelait « le château du roi René », Éluard, Aragon et Elsa Triolet, Roger Martin du Gard, Maurice Chevalier, Tristan Tzara, et bien d’autres. 
L’œuvre antiboise de Laporte fut riche. Il composa plusieurs poèmes : Ode à Monte Carlo, L’An quarante, Deux Poèmes pour aujourd’hui, Poèmes du mauvais temps. Il y écrivit deux romans : Les Messagers de l’Europe, écrit en 1942, et Le Cheval volant, écrit en 1943.
René Laporte mourut accidentellement à Paris en 1954. Son épouse ouvrit une galerie de peinture sur la place du Château. 

Henri LAUGIER

Henri LAUGIER est un scientifique et homme politique né à Mane (Alpes-de-Haute-Provence) en 1888, il mourut à Antibes le 19 janvier 1973. 
Ayant très tôt découvert les travaux de Claude Bernard, il s’orienta vers les études de médecine qu’il fit à Paris. Il devint directeur de cabinet d’Yvon Delbos sous le Front populaire et fut nommé responsable du service de la recherche à l’Éducation nationale. En 1939, on l’installa à la direction du CNRS d’où il fut révoqué sous Vichy l’année suivante. Il partit alors au Canada, puis à Alger.
A la fin de la guerre, c’est Frédéric Joliot qui fut nommé à la direction du CNRS et Laugier, qui aurait dû retrouver son poste, accepta de s’effacer. On le nomma alors directeur des relations culturelles au ministère des Affaires étrangères. 
En 1946, il devint adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, chargé des Affaires Économiques et Sociales, c’est-à-dire le second personnage de l’ONU. Il aurait participé à l’écriture de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Parmi ses autres initiatives citons la création de l’Organisation mondiale de la santé et du Fonds des Nations unies pour l’enfance. En 1952, il devient membre du conseil exécutif de l’UNESCO.
Il repose au cimetière de Simiane-la-Rotonde (Alpes-de-Haute-Provence).

Henri Laugier discutant avec Eleanor Roosvelt au Bureau des droits de l'Homme à Nürenberg.

Elie LEVY

Élie Amédée LEVY est né à Compiègne le 29 août 1895, fils de Jules Maurice Levy et Inès Milhaud. Son père mourut le 22 juin 1915 à Paris des suites de blessures reçues à l’ennemi. Son frère, Paul Prosper né le 22 mai 1897 fut incorporé dans l’artillerie en 1915 puis passa dans l’aviation en 1917. Il fut tué le 22 mai 1918 à Courvelles dans l’Aisne
A 18 ans, Élie Levy s’engagea dans les zouaves. Il fut blessé à deux reprises et gazé. Sa conduite courageuse lui valut d’obtenir la croix de guerre avec palmes et la médaille militaire. Il termina la guerre dans le service médical des armées.
Après la guerre, ayant obtenu ses diplômes, il s’installa à Paris comme médecin accoucheur. En 1923 il épousa Germaine Maldonnat avec qui il eut deux filles, Raymonde et Micheline. En 1933, il fut opéré du poumon et dût s’éloigner de Paris pour s’installer à Antibes au climat plus favorable à sa santé. Il y occupait une maison située au 31 bis boulevard Foch.

En 1939 il fut mobilisé dans la réserve à Castres, mais voulant se battre contre l’envahisseur nazi, il fit jouer sa relation d’amitié avec René Cassin et se fit muter dans la 3e Division Légère Mécanique et participa aux opérations militaires jusqu’à sa démobilisation en 1940. De retour à Antibes, ne pouvant rester inactif, il s’engagea dans la Résistance devenant sous le surnom de « Louis » un membre actif du réseau « Urchin » créé par Francis Basin dit « Olive ». Celui-ci avait établi son QG à Antibes dans la villa Isabelle appartenant au baron de Malval.
Il recueillit chez lui plusieurs agents du S.O.E. (Special Operations Executive) ainsi que des chefs du M.U.R. (Mouvements unis de la Résistance)  dont Emmanuel d’Astier de la Vigerie qui gardera un souvenir étrange de son départ pour l’Angleterre le 17 avril 1942 dans le sous-marin Unbroken (voir Ilet) : « La femme du docteur, si petite et si laide, mais qui contient tant de bonté, me réveille à deux heures du matin : vous partez, ils sont ici".
A partir du milieu de l’année 1942, les choses commencèrent à mal tourner. Repéré par la Gestapo, le Dr Levy et son épouse partirent se cacher en Isère. Il revint à Antibes le 1er mai 1943 où il fut arrêté le 4 par la Gestapo. Transféré à Nice, puis à Imperia, il fut enfermé près de Gènes à la prison de Chiavari. En septembre 1943, tous les prisonniers politiques détenus par les Italiens furent remis aux Allemands. Élie Levy fut détenu pendant 15 mois à Auschwitz- Birkenau. Lors de l’évacuation du camp, provoquée par l’avance des troupes soviétiques, il fut abattu sur la route de Ratibor (Racibôrz, ville de Pologne) le 24 janvier 1945.

Docteur Elie Levy. Photo sur le site de la Résistance azuréenne.

Plaque au 31bis boulevard Foch à Antibes